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SITUATION GEOGRAPHIQUE

Le site Ramsar de Basse Mana (53°53’W,5°39’N) est situé à l’ouest du département d’Outre Mer de la Guyane, sur le territoire des communes de Mana et Awala-Yalimapo, à proximité de Saint Laurent du Maroni. C’est un site côtier de 59 000 ha présentant une succession d’estuaires.

La Basse Mana est limitée à l’est et au sud par des infrastructures routières, au nord par l’océan et à l’ouest par l’estuaire du Maroni.

Carte du site de Basse Mana ©INPN

Il est constitué d’un ensemble d’écosystèmes littoraux, cordons sableux, lagunes, marais, mangroves, et d’une forêt humide sur sable à l’est, qui présentent une instabilité cyclique liée aux dépôts d’alluvions argileux provenant de l’Amazonie et à l’érosion côtière par les courants et la houle. Cette diversité est favorable à l’accueil d’une faune d’une grande richesse spécifique, tant terrestre que marine. Toutefois, la richesse floristique décroît en s’éloignant de la côte, la salinité du sol augmentant dans le même temps.

Basse Mana ©Conservatoire du Littoral

La salinité des marais varie de plus en fonction de la pluviométrie, diminuant fortement en saison des pluies. La Basse Mana appartient à une région qui détient le record en ensoleillement et en faible pluviométrie pour la Guyane.

Le site abrite également deux villages amérindiens de pécheurs en mer, chasseurs et cultivateurs. Autour du site, la culture du riz s’étend sur 4 500 ha.

 

FAUNE ET FLORE

Flore

En retrait des plages, on trouve des bois de grands cactus cierges Cereus hexagonus. Vers la rivière Organabo à l’est s’étend la forêt humide sur sables blancs à flore caractéristique comme par exemple Clusia sp, Humiria sp,  Licania incana et Bombax flavifloeum.

Cactus cierge ©Alan Franck 2016

La mangrove côtière est intacte, non exploitée par l'homme. Sa présence est étroitement liée au déplacement d'est en ouest des bancs d'argiles poussés par le courant équatorial. Les dépôts vaseux salés récents sont d'abord colonisés et fixés par les palétuviers gris, Laguncularia racemosa, suivis par l'implantation des palétuviers blancs Avicennia germinans, formant une mangrove côtière. Une mangrove d’estuaire dominée par le palétuvier rouge Rhizophora mangle borde les rives du Maroni.

Aux abords de l’embouchure de la Mana à l’ouest, près de la pointe d’Isère, après la végétation de littoral sableux dominée par des espèces rampantes comme Canavalia maritima et quelques graminées, la « savane Sarcelle » est un vaste marais côtier de végétation herbacée dense dominée par le moucou-moucou Montrichardia arborescens et Blechnum serrulatum.

Pieds de moucoumoucou (Montrichardia arborescens) colonisant un plan d'eau de Guyane © Conservatoire du littoral

 

 

 

Faune

Les plages de Mane Bassa sont des sites mondialement reconnus de nidification pour la tortue luth Dermochelys coriacea pour laquelle ce site représenterait 50% des pontes (données 1996). Ce sont également des sites majeurs pour la tortue olivâtre Lepidochelys olivacea et la tortue verte Chelonia mydas.

Tortue luth à la pointe Isère ©Conservatoire du Littoral

On trouve également sur le site de belles populations de mammifères, raton crabier Procyon cancrivorus, jaguar Panthera onca, ocelot Felis pardalis, jaguarondi Felis yagouaroundi, cerf de Virginie Odoicoileus virginianus, cabiaï Hydrochoerus hydrochaeris, tayra Eira barbara ou singe hurleur Alouatta seniculus.  Le lamantin Trichechus manatus est présent dans les estuaires, mais sa population reste quantitativement inconnue.

Singe hurleur ©Cathy Cotton 2009

L’avifaune des marais de la Basse Mana compte 85 espèces d’oiseaux d’eau. C’est une importante zone de transit pour les migrateurs d’Amérique du Nord. Les vasières nourrissent de nombreuses espèces de Limicoles, tandis que les jeunes mangroves abritent des colonies reproductrices de plusieurs espèces d’Ardéides et d’ibis rouges Eudocimus ruber.

Ibis rouges ©Dominic Sherony 2009

Le site recèle aussi des populations de spatules roses Ajaia ajaja, de jaribus d’Amérique Jabiru mycteria et de tantales d’Amérique Mycteria amaricana.

Les troncs morts de certains palmiers sont utilisés comme nids par Ara manilata. Plusieurs Anatidés transitent par ce site, comme les sarcelles à ailes bleues Anas discors.

 

HISTOIRE

Les plus anciennes traces de culture, sur buttes, sur le site sont datées de 300 ans après J.-C., les communautés actuelles Kali'na s'y étant installées vers le Xe siècle. Pendant près d'un siècle, entre 1865 et 1945, les indiens seront repoussés sur la Pointe Isère par l'établissement d'un bagne, et fonderont ensuite la commune d'Awala-Yalimapo. En 1992, cette commune est placée en zone de droit d'usage exclusif ZDUC, et la communauté Kali'na peut ainsi assurer sa subsistance de façon traditionnelle : chasse, pèche, culture sur brulis...

 

 

ENJEUX ET MENACES

La poldérisation réalisée dans les années 80-85 pour créer les rizières (5500 ha) a détruit une partie du marais Sarcelle. Cependant, les rizières sont un bon refuge pour les limicoles de passage. L'actualité agricole entraîne les perturbations suivantes:

- épandage aérien de pesticides et d'engrais.

- recalibrage fréquent des canaux d'évacuation des eaux.

Les rizières elles-mêmes sont actuellement en recul face à l’érosion côtière.

Rizière de Mana ©PRZHT

De plus, le village d'Awala-Yalimapo ne dispose que d'une décharge à l'air libre, directement dans le marais de Panato (problème en cours de résolution avec le Parc Naturel Régional et la Communauté de Communes de L’Ouest Guyanais ).

La consommation des œufs de Tortues Marines a diminué mais reste une tradition ancrée chez les Kali'nas, ce qui pose problème avec le statut d'espèces protégées. Ce prélèvement est toutefois quantitativement moins important que celui occasionné par la contrebande vers le Surinam voire les marchés de Mana et Saint Laurent.

Le tourisme, important pendant la saison de ponte des tortues marines, peut devenir une source de perturbation en l'absence d'encadrement adapté. Le tourisme de découverte de la nature s'y développe (observation de la ponte des tortues…) : 5000 visiteurs estimés les week-ends d'Avril à Juillet 2001 pour observer les pontes de tortues marines.

 

PROTECTION

La réserve naturelle de l’Amana (14 800 ha) est créée en mars 1998. Le site de Basse Mana est classé Ramsar en décembre 1993, le Parc Naturel Régional créé en mars 2001 englobe la totalité du site RAMSAR.

La plus grande partie des terrains appartiennent à l'Etat français (dont domaine Public Maritime, Conservatoire du Littoral) sur lesquels se superposent les zones de droit d'usage amérindiens.

La lutte contre le braconnage des œufs de tortue se fait principalement à l’encontre des bateaux clandestins du Surinam voisin en mer, et via la gendarmerie, les gardes de l’ONCFS (Organisation Nationale de la Chasse et de la Faune sauvage) et de la réserve au sol.

 

DECOUVRIR LE SITE

La maison de la réserve intègre une salle d’exposition muséographique, deux sentiers d’interprétation, des dépliants sur la réserve naturelle et sur les tortues marines.

270, avenue Paul Henri,
97319 AWALA-YALIMAPO
Tel : 05 94 34 84 04

SOURCES

de Granville, J. J. (1976). Un Transect à travers la Savane Sarcelle (Mana-Guyane Française).