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MARAIS PORT LOUIS CDL (3)

Description géographique

Territoire : Guadeloupe

Commune : Port-Louis

Latitude : 16°25’46.56″N

Longitude : 61°31’37.93″O

Surface : 430,24 hectares

Situé en arrière du cordon littoral sableux le plus important de Guadeloupe, le marais de Port-Louis, parfaite illustration de l’interface entre terre et mer, est une vaste zone de mangroves, de plans d’eau, de vasières et de prairies humides. S’étendant sur plus de 400 hectares, ce marais, correspondant à la partie occidentale ennoyée d’un plateau calcaire corallien, représente la plus grande zone humide de l’archipel.

Faune et Flore

Mangroves, forêts marécageuses, prairies inondables… La juxtaposition de ces différents milieux écologiques crée des conditions favorables pour le développement et l’installation (permanente ou temporaire) de nombreuses espèces, en particulier de l’avifaune sédentaire et migratrice.

Le marais de Port-Louis recèle donc une importante diversité biologique :
– Oiseaux : plus de 90 espèces y sont observées (en grande majorité des limicoles migrateurs dont on dénombre une trentaine d’espèces).
– Crustacés : multitudes de crabes et bernard-l’hermite ont pris possession de ces marais.
– Poissons : mulets et poissons Saint-Pierre (lapias) sont les espèces majoritairement présentes et très prisées par les pêcheurs.
– Invertébrés : le marais est également un lieu de vie idéal pour les libellules et autres insectes.
– Chauves-souris : 3 espèces remarquables ont élu domicile dans ce marais. Le Monophylle des Petites Antilles, communément appelé Guimbo des Petites Antilles (Monophyllus plethodon), espèce UICN classée « quasi menacée »; l’Ardops des Petites Antilles, Ardops nichollsi, également « quasi menacée » ; et le Noctilion pêcheur, Noctilio leporinus, chauve-souris piscivore inféodée aux zones humides.
– Autres mammifères : parmi eux, citons le raton laveur (ou racoon), familier de ce type de biotope.

Crabe_Mangrove CDL
Crabe de mangrove

Au niveau floristique, les mangroves de Port-Louis se caractérisent par 3 types de formations végétales : la mangrove dite « bord de mer », la mangrove « arbustive » et la mangrove « haute ». La flore est donc essentiellement constituée de Palétuviers : rouges – Rhizophora mangle, blancs – Languncalaria racemosa, gris – Conocarpus erectus, et noirs – Avicennia germinans.
Notons aussi la présence dans ce marais d’« Etangs bois sec » (étangs parsemés de bois morts ou dépérissants de palétuviers, phénomène intervenant lorsque ces espèces dépassent leur seuil de tolérance au sel), de fougeraies à Acrostichum sp., et de marais herbacés.

Fruit de palétuvier gris Conocarpus erecta
Fruit de palétuvier gris – Conocarpus erecta

Historique et Protections

Autrefois à l’abandon, le marais fut ensuite désigné site RAMSAR en 1993. Il a pourtant failli disparaître pour laisser place à une raffinerie de pétrole et un port en eau profonde. Cependant, la détermination de la municipalité, de la population et des associations locales a conduit à la suspension de ce projet.

La zone sud du marais a également fait l’objet, en 1999-2000 d’un projet de Centrale Thermique, entre Pointe Gris-Gris et Ravine de la Vidange. Un fois de plus le projet n’a pu voir le jour grâce à la détermination locale renouvelée du maire et des associations.

En 1999, le Conservatoire du littoral a pris le relais pour apporter une protection définitive à cette zone humide d’importance internationale.
Depuis, un programme de préservation du marais a alors été mis en place par la municipalité et ses partenaires. La SAFER (Société d’Aménagement foncier et d’Etablissement Rural) s’est occupée de la gestion des problèmes liés à l’agriculture.

Le Parc National de la Guadeloupe et l’Office National des Forêts sont intervenus pour la surveillance du site et la réalisation de divers travaux d’aménagement. En parallèle, un plan de sensibilisation de la population a été établi pour la sauvegarde de cet environnement remarquable.

Le marais de Port-Louis fait également partie de la Zone d’Importance Communautaire pour les Oiseaux (Code ZICO : GP005) qui comprend les mangroves et forêts marécageuses de l’est du grand-cul de sac marin.

Le marais a été sauvé, et il est actuellement en pleine évolution. Sensibilisés à la protection de ce dernier, les Guadeloupéens sont de plus en plus nombreux à exiger la préservation de cet environnement exceptionnel aux ressources naturelles inestimables.

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Enjeux, usages, productions, pressions, gestion

Malgré son statut de site protégé, certaines menaces sont encore d’actualité :
– Une chasse excessive des gibiers d’eau, notamment des limicoles et anatidés (les prairies humides et les lisières des forêts marécageuses sont des lieux particulièrement prisés des chasseurs)
– Des activités traditionnelles de pêche et de capture, en particulier sur les crabes ciriques dont la chair est très appréciée
– La destruction de la forêt marécageuse par des activités pastorales et agricoles inadaptées voire interdites
– L’urbanisation (développement d’axes routiers, lotissements, décharge sauvage)
– La présence d’espèces introduites : le rat noir, tout comme la mangouste indienne, de par la prédation exercée sur les œufs et poussins de nombreux oiseaux, représentent une grave menace pour la survie de ces derniers
– La pollution des eaux

Découvrir le site

La municipalité de Port-Louis a tenu à développer l’éco-tourisme autour du marais et son histoire. Cinq promenades-randonnées sont ainsi proposées et permettent la découverte des différents écosystèmes constituant le marais :
– Le « cimetière du gendarme » qui sillonne entre zones inondées et sèches
– Le « marais tremblant » et son parcours en bois traversant la mangrove
– La « liane du chat » où le paysage de palétuviers laisse place à une végétation humide
– Le « Chemin de casse-moustache » qui nous emmène au cœur de l’îlot exondé de Kas-Moustach
– Le « marais rocheux » et son caillebotis nous conduisant au canal de la pointe Démaré

Ces différentes balades aboutissent à une tour d’observation de laquelle les promeneurs peuvent admirer une vue d’ensemble sur le marais, le grand cul de sac marin, la Basse-Terre et les îles de Montserrat et d’Antigua. Le dernier étage de cette tour est aménagé de panneaux d’informations sur la faune et la flore de la mangrove.