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Années 2000 : prise de conscience de l’utilité des mangroves

Malgré leur caractère extraordinaire, les mangroves ont pendant très longtemps été déconsidérées, perçues comme des zones nauséabondes, infestées de moustiques et d’esprits maléfiques. On les a longtemps remblayées pour y construire diverses infrastructures (ports, aéroports, décharges, stations d'épuration...).
Ce n'est que dans les années 2000 qu'on a commencé à s'y intéresser et à vouloir les protéger du fait des nombreux services qu'elles fournissent : purification de l'eau, nurseries de poissons, habitat essentiel pour l’avifaune et les crustacés, ou encore stockage de carbone et protection des côtes contre la houle et l’érosion.
Dans les territoires où il est présent, c’est à cette période que le Conservatoire du Littoral a commencé à acquérir les mangroves les plus importantes écologiquement afin de mieux les protéger (aujourd’hui, il détient près de 25 000 ha en Guadeloupe, en Martinique, à Saint-Martin, en Guyane et à Mayotte). C’est également le moment où l’IFRECOR (Initiative française pour les récifs coralliens) a décidé de suivre l’état des mangroves, écosystème associé aux récifs coralliens.

En 2010,

L’IFRECOR et le Conservatoire du littoral ont ainsi publié un Atlas des mangroves de l’Outre-mer français faisant l’état des lieux des connaissances dans toutes les régions ultra-marines. En Guyane, où les mangroves ne sont pas directement associées aux récifs coralliens, elles couvrent des superficies suffisamment importantes pour justifier leur prise en compte par l’IFRECOR. A noter que si ces mangroves guyanaises ne sont pas intimement liées à des récifs proches, elles contribuent à la santé du bassin caraïbe et aux récifs associés. Cet atlas a montré des différences significatives de connaissances des mangroves et une grande hétérogénéité des études et suivis mis en œuvre par chaque territoire. Ce constat est à l’origine de la mise en place du Réseau d’observation des mangroves en 2011-2012.

2012 : Création du Réseau d’observation des mangroves

L’animation du Réseau d’observation des mangroves est confié par l’IFRECOR au Conservatoire du Littoral, du fait de travail de terrain pour l’acquisition des mangroves dans les DOM.

2012-2016 : première phase de la mise en place du réseau : réunir, analyser, harmoniser et rendre les données disponibles

De 2012 à 2016, le Conservatoire du Littoral travaille à l’acquisition de connaissances fondamentales nécessaires à la mise en place du réseau au niveau national - notamment l’harmonisation des données concernant l’état et l’évolution des mangroves en outre mer afin de mettre en place un observatoire cohérent au niveau national. Ceci a inclut :
- l’harmonisation de la typologie des mangroves grâce à un guide méthodologique de cartographie
- l’élaboration de la première cartographie reproductible et harmonisée des mangroves, permettant un suivi de l’évolution surfacique au niveau national (thèse de Florent Taureau). Ces travaux se fondent sur les données acquises sur 4 sites pilotes en Guadeloupe, en Guyane, à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie (février à août 2014) et le traitement d’images satellites haute résolution.
Cette cartographie harmonisée des mangroves à l’échelle des outre-mer a permis de faire un « état zéro » des surfaces de l’ensemble des mangroves françaises, ce qui n’avait jamais été fait jusqu’alors.

En 2014, le Conservatoire du Littoral se voit également confier par l’ONEMA l’animation du tout nouveau Pôle-relais « mangroves et zones humides d’outre-mer », le dernier-né des cinq Pôles-relais existants au niveau national, qui lui permet de compléter ses actions de compilation et diffusion des connaissances et de mise en réseau.

2017-2020 : seconde phase de la mise en place du réseau

En 2017, une nouvelle phase démarre avec la passation du portage administratif du Pôle-relais mangroves et zones humides d’outre-mer, renommé Pôle-relais zones humides tropicales (PRZHT), au Comité français de l’UICN qui reprend également l’animation du réseau mangroves, rebaptisé Réseau d’Observation et d’aide à la gestion des mangroves (ROM).
En partenariat avec le Conservatoire du Littoral, le ROM identifie trois indicateurs nationaux surfaciques permettant de suivre l’’évolution de la protection et de la gestion des mangroves, qui sont ensuite renseignés collégialement avec les membres du ROM de chaque territoire lors de réunions dédiées puis tranmis à l’Observatoire National de la Biodiversité (2017-2018). Ces réunions permettent également d’identifier les attentes des gestionnaires vis à vis du ROM, qui sont également collectées par le biais d’un questionnaire.
C’est suite au résultats de cette consultation que des fonds ont été collectés auprès de différents partenaires pour élaborer l’outil digital ROM, qui a vocation à devenir un véritable socle de la dynamique du réseau.
Les perspectives (2021-2025)
Le ROM a vocation a s’élargir aux opérateurs de tourisme, aux écoles, aux citoyens naturalistes et à toute personne intéressée dans une démarche de science participative. Grâce à l’’application ROM, chacun aura la possibilité d’’acquérir une bonne connaissances des palétuviers de son territoire, et aller sur le terrain pour s’entraîner à reconnaître les différentes espèces de palétuviers, et à collecter des données pour participer pleinement au large réseau inter-outre-mer et même international autour des mangroves.

Le ROM fera également le lien avec les travaux scientifiques menés dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau pour établir des indicateurs cartographiques, biologiques et physico-chimiques d’état de santé des mangroves, et les indicateurs développés au niveau international par la Global Mangrove Alliance.

On protège ce qu’on aime, on aime ce qu’on connaît, et on connaît ce que l’on observe ! Alors, à vos observations !
Les différentes phases de l'élaboration du ROM