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La Terre au carré : Ecoutez l’émission “Les zones humides tropicales en outre-mer, en partenariat avec le Comité Français de l’UICN”

Les zones humides tropicales des outre-mer sont d’extraordinaires réservoirs de biodiversité, aux valeurs environnementales mais aussi sociales, économiques et culturelles importantes qui sont particulièrement menacées par l’industrialisation, l’urbanisation, l’agriculture et les activités minières, qui entraînent leur dégradation et leur destruction. 

▶︎ Une émission en partenariat avec l’UICN.

Il existe différents types de milieux humides de l’outre-mer tropical français : mangroves, mares, étangs, lacs, zones humides en altitude aussi, tourbières, forets inondées, récifs coralliens… Toutes sont des écosystèmes riches et diversifiés, en faune et flore.

La mangrove

On désigne par le terme de “mangrove” les formations végétales qui évoluent, à de rares exceptions près, dans les zones de balancement des marées, sur les portions du littoral abritées des vagues et des courants. La mangrove se compose principalement de palétuviers, des espèces d’arbres adaptées aux conditions de vie du milieu.

La mangrove est un écotone, soit un espace de transition entre des écosystèmes terrestres et des écosystèmes marins. Ainsi, la mangrove est soumise aussi bien à la dynamique côtière (courants de marée, flot, jusant, etc.) qu’aux différents processus d’origine terrestre (flux d’eau douce charriant nutriments et sédiments).

Les mangroves françaises représentent environ 0,6 % des surfaces de mangrove dans le monde (WCMC 2005). Sur le bassin Atlantique on les retrouve sur tous les territoires français de la zone intertropicale : à Saint Barthélémy, à Saint Martin, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane. Dans la zone Indopacifique on retrouve ces écosystèmes à Mayotte, aux îles Eparses, en Nouvelle Calédonie, à Wallis et Futuna et plus anecdotiquement en Polynésie où la présence de palétuviers est attestée sur l’île de Moorea et certains territoires des Îles sous le Vent. Il s’agit de l’espèce Rhizophora stylosa introduite à partir de 1933 à des fins ostréicoles (ROUSSEL et al. 2009).  La surface des mangroves d’outre-mer a été estimée à 91 055 ha en 2016, répartie en majorité en Guyane et en Nouvelle Calédonie.

Et aussi d’autres zones humides

Comme les mares. En Guadeloupe, le territoire de la Grande Terre est ponctué par de nombreuses mares. Mésestimées et menacées, nombre d’entre elles ont disparues dans les dernières décennies, victimes principalement des remblais pour l’aménagement du territoire. À l’échelle de l’Outre-mer tropical français, c’est l’une des principales menaces qui pèsent sur ces écosystèmes fragiles. la forêt marécageuse, d’un point de vue géographique,  est la formation forestière qui fait suite à la mangrove dans les secteurs inondables À la différence de cette dernière, la forêt marécageuse évolue dans des eaux peu ou pas salées ou encore les plans d’eau d’altitude d’origine volcanique. Ils peuvent occuper l’ancienne caldeira d’un volcan, il s’agit alors de lacs ou d’étangs de cratères.  Ce sont des écosystèmes particuliers, dont les processus chimiques et biologiques peuvent différer de ceux que l’on retrouve dans les lacs et étangs situées en zone de plaine

Quels sont les services Eco systémiques rendus par ces zones humides tropicales ? Les zones humides jouent un rôle important dans la régulation du régime hydrographique d’un bassin versant. Se comportant un peu comme des éponges, les zones humides d’altitude, comme les mares, les tourbières et les étangs, absorbent une partie des précipitations sur les hauts des bassins versants. En réduisant la quantité des eaux de ruissellement qui arrivent dans les rivières, ces zones humides permettent souvent d’éviter des crues en aval. Au même titre qu’elles ont la capacité d’absorber une partie de l’excédent pluviométrique, les zones humides ont également la capacité de restituer cet excédent lors des périodes de sécheresse. Ainsi, le réseau hydrographique n’est jamais complètement asséché. Par ailleurs, un grand nombre de zones humides sont connectées aux eaux souterraines et assurent en partie la recharge des nappes phréatiques et elles regorgent de vie. A l’échelle de l’Outre-mer ce sont quelques milliers d’espèces de mollusques, de crustacés, de poissons, d’oiseaux,  de mammifères, de reptiles et d’insectes qui dépendent des zones humides pour une partie ou la totalité de leur cycle de vie. On y retrouve également un fort taux d’endémisme…mais ces zones humides tropicales de l’Outre-mer français font face à de nombreuses menaces pesant sur leur intégrité.

Comment surveiller et protéger ces zones ?

Le Réseau d’Observation et d’aide à la gestion des mangroves (ROM), initiative nationale créée en 2012 et coordonnée par le Pôle-relais zones humides tropicales dans le cadre de l’IFRECOR , est un réseau d’observateurs dont l’objectif principal est de conserver les mangroves des outre-mer français et leurs valeurs écologiques, socio-culturelles et économiques. Les données collectées par les observateurs permettent de détecter les changements, d’identifier les menaces et leurs sources, et de fournir des outils d’aide à la décision aux gestionnaires de mangroves et aux décideurs publics. On peut aussi sensibiliser les populations en leur proposant  des visites virtuelles et découvrir ces écosystèmes  à protéger.

Avec pour en parler

  • Gaëlle Vandersarren, chargée de mission pour le comité français de l’UICN pour la coordination du Pôle Relais Zones Humides Tropicales) en Guadeloupe.
  • Mélanie Herteman, écologue, spécialiste des Mangroves  au sein du Cabinet Nature et Développement et elle est Membre du Bureau du Comité Français de l’UICN.
POUR ECOUTER L’EMISSION, C’EST PAR ICI !