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A la découverte d’Amaury DURBANO Animateur de l’association Hô-üt et coordinateur du projet Best 2.0. “Renforcement de la gestion participative et intégrée sur la commune de Touho”

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Je m’appelle Amaury DURBANO, j’ai 26 ans et je suis passionné par la nature et tout ce qui est vivant depuis mon plus jeune âge. Je suis originaire de France et vis en Nouvelle-Calédonie depuis l’âge de 15 ans.

Quel est votre parcours ? 

Arrivé en Nouvelle-Calédonie, j’ai terminé mon collège et j’ai passé un baccalauréat parcours scientifique à Nouméa (2007 – 2010). J’ai ensuite fait une licence Sciences de la Vie, de la Terre et de l’Environnement parcours Sciences de l’Environnement à l’Université de Nouvelle-Calédonie (UNC) (2011 – 2014). Après divers stages en Nouvelle-Calédonie, je suis parti faire un master 1 Biodiversité, Ecologie et Evolution en France métropolitaine à l’Université de Lille 1 (2015 -2016) grâce auquel j’ai pu revenir sur le territoire et réaliser un stage de 2 mois sur l’étude d’une population de serpents marins à la Baie des Citrons avec l’UNC. Je me suis ensuite spécialisé dans le domaine marin avec un master 2 sur le Fonctionnement et la Gestion des Ecosystèmes Marins à la station marine de Wimereux (2016 – 2017) grâce auquel j’ai pu de nouveau rentrer sur le territoire pour un stage de 6 mois avec l’Institut de Recherche pour le Développement de la Nouvelle-Calédonie sur le développement d’un protocole de contrôle d’Acanthaster planci.

J’ai ensuite cherché un emploi dans mon domaine et profité de mon temps libre pour participer activement avec l’association Pala Dalik aux suivis des récifs coralliens en Nouvelle-Calédonie. Mon profil et mon expérience m’ont permis de trouver en septembre 2018 un poste d’animateur de l’association Hô-üt à Touho.

Comment est née l’association Hô-üt ? 

Il y a 6 ans, l’association Hô-üt a vu le jour sous l’impulsion d’une forte dynamique autour de la réflexion de l’inscription des lagons et récifs de Nouvelle-Calédonie, dont ceux de la commune de Touho, sur la liste du patrimoine mondiale de l’Humanité (UNESCO) en 2008.

Les coutumiers, la marie de Touho, la province Nord, la population et les membres de l’association se sont concertés en 2015 sur la rédaction d’un plan de gestion, qui a été validé par l’Assemblée de la Province Nord en août 2016 pour une durée de 5 ans (2016-2020).

 

La commune de Touho est dotée d’une biodiversité exceptionnelle, mais des menaces pèsent encore sur notre environnement telles que l’érosion du littoral liée à l’élévation du niveau de la mer et la dégradation du couvert forestier par les espèces envahissantes (cerfs, cochons). Des actions participatives coordonnées avec nos partenaires (mairie de Touho, coutumiers, province Nord…) sont ainsi mises en place afin de diminuer ces impacts et portent sur la sensibilisation, l’information, la pédagogie et des actions de terrain.

Nous multiplions nos interventions auprès de tous et nous poursuivons des échanges constructifs avec nos partenaires afin d’apporter des solutions adaptées pour la préservation de notre environnement.

Pouvez-vous nous parler du projet Best 2.0. “Renforcement de la gestion participative et intégrée du bien Unesco de Touho” ? 

L’association Hô-üt a réalisé une étude sur les mangroves de la commune de Touho (Tuo cèmuhî) en 2018. Cette étude découle du projet “Renforcement de la gestion participative et intégrée sur la commune de Touho” dans le cadre du projet Best 2.0.

Les grandes lignes de l’étude consistaient en un approfondissement des connaissances des mangroves, notamment l’inventaire des espèces végétales présentes et leur répartition à l’échelle de la commune. Une identification des espaces de mangrove dégradée et leur cartographie a permis de faire l’état des lieux et de proposer des mesures de conservation et /ou de restauration de ces espaces.

Quel est votre rôle dans ce projet ? 

En tant qu’animateur de l’association Hô-üt, je coordonne ce projet. Je planifie les missions de levés de terrain, de plantations et de suivis et je participe également sur le terrain. De plus, je gère les aspects administratifs et logistiques et sers de lien entre l’association Hô-üt et les financeurs. Je participe aussi avec les membres de l’association Hô-üt aux restitutions du projet, à travers des présentations orales, auprès de nos partenaires, la marie de Touho et les habitants de Touho.

Quelles étaient les actions prévues et comment se sont-elles réalisées ?

Les actions consistaient à :

  • réaliser des pointages GPS dans la mangrove environ tous les 50 mètres afin de faire un inventaire des espèces végétales de mangrove et d’arrière mangrove
  • caractériser l’état de l’écosystème (non dégradé, légèrement dégradé à moyennement dégradé, moyennement dégradé à fortement dégradé)
  • planter des palétuviers (environ 1000 plants de la famille des Rhizophoracées)

Les levés de terrain ont débuté mi-juin 2018 et se sont terminées fin octobre 2018.

Avant de réaliser ces actions, les membres de l’association ont reçu deux formations durant le mois de mai 2018, l’une en botanique (Bureau d’étude : Chlorosphère) et l’autre sur les techniques et le suivi de plantation de palétviers (Bureau d’Etude : EMR). Le travail de terrain est réalisé par les membres de l’association et ses partenaires. Le travail de traitement des données de terrain et la cartographie sont réalisés par le bureau d’étude InSight (LeCube).

 

 

 

 

 

 

Formation botanique BE Chlorosphère                Formation restauration BE EMR

 

Quelles ont été les personnes impliquées dans ce projet ? 

Ce projet implique l’association Hô-üt avec l’aide des agents du SMRA (Service des Milieux et Ressources Aquatiques) de la province Nord ainsi que des agents du SIEC (Service Impact Environnement et Conservation): brigade des gardes nature de la province Nord pour les levés de terrain ainsi qu’un agent du Service Agriculture (SA) de la DDEE (Direction du Développement Economique et de l’Environnement) de la province Nord. Des habitants des différentes localités de la commune nous sont venus en aide pour faciliter notre évolution sur le terrain grâce à leurs connaissances des sites.

Que retenez-vous sur ce projet portant sur la restauration des mangroves ? Souhaitez-vous partager une expérience en particulier ? 

Ce projet aura permis de montrer que la commune de Touho possède 416 ha de mangroves dont 11.8 ha dégradés. Le travail de levés de terrain a été considérable et aura pris plus de 6 mois. Les principaux freins étaient l’accessibilité à certains patch de mangrove, les conditions météorologiques et la connaissance des espèces végétales de mangroves et d’arrières mangrove.

Quelles sont vos autres actions ? Celles à venir ? Serez-vous amenés à travailler à nouveaux sur les zones humides de Nouvelle-Calédonie ? 

Nous venons de répondre à un appel à projet porté par le ministère de la transition écologique et solidaire dont l’objectif est de réduire l’impact des pollutions d’origine terrestres sur les récifs coralliens et les écosystèmes associés. Nous souhaitons, à travers ce projet restaurer les zones de mangrove et de forêt humide dégradées après identifications des pressions et en fonction des enjeux. Ce projet impliquera les habitants de Touho et les établissements scolaires.

L’association Hô-üt a répondu en 2017 à un appel à projet avec la Grande Brasserie de Nouvelle-Calédonie (GBNC) et nous avons été lauréats. L’objectif de ce projet mené par les assocation Hô-üt et Pöpwadene est de traiter le verre à l’échelle de nos communes pour réduire les coûts, effectuer un tri sélectif et recycler cette matière et réduire les prélèvements de sables dans le milieu et limiter l’érosion des plages. Pour se faire, nous allons bientôt acquérir une machine à broyer le verre grâce au soutien de la GBNC, la province Nord et le Consulat de Nouvelle-Zélande. Les différents bénéfices de ce projet serviront à financer les actions du plan de gestion de chacune des associations.

Nous allons aussi en 2019 grâce au Projet Educatif Local porté par la Province Nord et la commune de Touho créer un sentier éducatif dans la mangrove de la tribu de Koé à Touho avec les habitants de la tribu de Koé où une pépinière de palétuviers a déjà pu voir le jour avec le projet Best 2.0.

Pépinière palétuviers Tribue de Koé

Nous travaillons aussi sur la dératisation d’un îlot de la commune de Touho ainsi que sur la réalisation d’un inventaire faunistique et floristique sur ce même îlot.

Pouvez-vous nous parler des spécificités propres aux mangroves de Nouvelle-Calédonie comparativement aux autres territoires ultramarins ? 

En Nouvelle-Calédonie, la mangrove couvre 359 km2 et la flore est dominée par les palétuviers Rhizophora (55% de la surface totale) et par les Avicennia (14%) (Source : Œil.nc).

On observe un zonage :

  • Mangroves urbanisées, dans le Sud avec Nouméa et les pressions liées au développement anthropique.
  • Mangrove étendue, à l’Ouest et au Nord, avec comme principale pression l’exploitation minière (érosion des sols et apport de sédiments).
  • Mangrove étroite, à l’Est bloquée par le relief, avec comme principale pression l’érosion du littoral.