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SITUATION GEOGRAPHIQUE

L’île d’Uvéa (13° 18′ sud, 176° 14′ ouest), île principale de l’archipel de Wallis, est située en Polynésie, dans l'océan Pacifique occidental, entre la Nouvelle-Calédonie et Tahiti. Située à environ 230 km au nord-est de Futuna, elle appartient au royaume d'Uvea de la collectivité d'outre-mer française de Wallis-et-Futuna. L’île s'étend sur 77,6 km2, et son point culminant, le mont Lulu, est peu élevé (151 mètres).

Carte de Wallis ©INTEGRE CSP

Dépourvue de cours d’eau permanents, l'île est parsemée de 2 types de lacs pour une surface totale de 43 ha :
Les 5 lacs de cratère, issus de l’effondrement d’anciennes caldeiras, sont les vestiges d’une importante activité volcanique. Ils sont situés dans le sud-ouest de l’île et sont en relation avec la nappe aquifère. Le plus grand, spectaculairement circulaire, est le lac Lalolalo d'environ 400 mètres de diamètre (15,2ha), et on trouve 4 autres lacs de cratères : Lanutavake, Lanutali, Lanumata et Lano.
Le lac Lalolalo a une surface de niveau proche de celui de la mer pour une profondeur de 80m. Il semble présenter une stratification permanente : sa zone euphotique (zone où la lumière est suffisante pour que la photosynthèse y soit possible) descend jusqu’à 4m, la zone anoxique (absence d’oxygène) prend place à partir de 10m, la salinité augmente à partir de 15m pour atteindre au fond une valeur identique à celle des eaux littorales.

 

Lac Lalolalo ©CSP-INTEGRE

Les 2 lacs de dépression, marécageux, sont situés sur la côte est de l’île : Alofivai et Kikila.

Ces lacs constituent de précieuses réserves d'eau douce pour l'île. Certains sont en relation avec une lentille d’eau douce sous-jacente à toute l’île, nappe souterraine alimentée par les pluies et superposée à une nappe d’eau de mer infiltrée plus en profondeur.

 

FAUNE ET FLORE

Flore

Les lacs de cratère, en raison de leurs berges basaltiques hautes et abruptes, ne présentent pas de végétation hydrophile. Il est à noter toutefois que les abords immédiats de Lanutavake et Lano représentent les dernières zones d’existence des forêts primaires de l’île.

Seuls les lacs de dépression abritent des communautés de plantes hydrophiles , qui restent toutefois limitées en raison d’une forte turbidité des eaux.

Le lac Kikila est couvert à 10 à 15% d’herbiers denses de châtaigne d’eau Eleocharis dulcis. Le lac Alofivaï présente une très faible profondeur, la majeure partie de la dépression est occupée par Lindernia sp.

Châtaigne d'eau Eleocharis dulcis ©Tau'Olunga

 

Faune

Les lacs présentent de façon générale une grande pauvreté faunistique.

Le lac Lalolalo abrite 3 espèces de poissons : Tilapia Oreochromis mossambicus et un guppy Poecilia reticulata (introduits) et Anguilla obscura. La présence de cette dernière est inattendue car l’espèce est migratrice amphihaline comme les autres anguilles. Quelques individus capturés en 2004 semblaient victimes de décalcification osseuse, peut-être liée à une perturbation métabolique lors de la maturation génitale.

Plusieurs hypothèses permettraient d'expliquer la présence de cette espèce dans ce lac. La plus probable d'entre elles serait l'existence d'une faille entre le lac et le littoral qui permettrait l'entrée des civelles, mais ne rendrait pas possible le retour des adultes, qui resteraient bloqués dans le lac après leur maturation sexuelle.

Dans les autres lacs on ne trouve que les espèces introduites de poissons.

Guppy Poecilia reticulata ©Wibowo Djatmiko 2009

Les abords des lacs de dépression abritent une population de la grenouille Litoria aurea. Cette espèce introduite est originaire d’Australie orientale et de l’île du Nord en Nouvelle Zélande. Il s’agit du seul batracien de l’île d’Uvea.

Rainette Litoria aurea ©Wikipedia 2007

L’avifaune de l’île d’Uvea est relativement pauvre et ne comprend aucune espèce endémique stricte. Les rives des lacs de dépression, en particulier Kikila, concentrent certaines espèces, comme le paille-queue à brins blancs (Phaethon lepturus) et la poule sultane (Porphyrio porphyrio).

Paille-queue à brins blancs ©Magnus Manske 2014

 

On trouve également dans certains lacs de petits crustacés (Ostracodes) et des Odonates comme Ischnura aurora (Coenagrionidae).

Ischnura aurora ©Wikipedia 2009

 

HISTOIRE

Les îles de Wallis sont issues d’un volcanisme effusif assez récent (2 millions d’années).

Les premières population humaines, des Austronésiens de la civilisation Lapita, arrivent vers le Ier millénaire av. J.-C..

Les premiers contacts avec les Européens ont lieu au XVIIe et au XVIIIe siècles, mais les îles sont relativement préservés des intrusions occidentales. En 1767, le britannique Samuel Wallis aborde l’île qui portera son nom. La population sera convertie au catholicisme au XIXe , et le 19 novembre 1886, la reine Amélia de Wallis signe le traité de protectorat avec la France.

Dessin de l'île de Wallis par Samuel Wallis, 1767

En 1961, Wallis-et-Futuna devient un territoire d'outre-mer français par référendum.

 

 

ENJEUX ET MENACES

Le principal enjeu des différents lacs est l’approvisionnement en eau potable de la population via la nappe d’eau douce.

La principale menace est donc la pollution des réserves d’eau douce, liée aux décharges sauvages, au non-traitement des stocks de déchets dangereux (batteries, piles…), des effluents domestiques et des élevages porcins; les lacs peuvent être une porte d’entrée à ces pollutions.

Wallis - pollution des ressources en eau douce ©INTEGRE CSP

 

PROTECTION

La protection des sites et de la qualité de l’eau est prise en compte dans le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) de Wallis.

Des plans d’actions en faveur de la biodiversité et de lutte contre les espèces envahissantes sont actuellement en cours sur les territoires de Wallis et Futuna, sous la responsabilité des services de l’environnement.

Wallis bénéficie également d’un projet de développement durable « INTEGRE », INitiative des TErritoires pour la Gestion Régionale de l’Environnement.

Les 7 lacs sont enfin en projet de classement Ramsar.

VISITER LE SITE

Wallis n’étant pas un lieu très fréquenté du point de vue touristique (et c’est d’ailleurs là que réside une grande partie de son charme), il est relativement compliqué d’y séjourner, et il vaut mieux bien préparer son séjour en amont ! Cependant, de nombreuses activités sont proposées sur place, et il est possible en les contactant avant de demander aux affaires culturelles de Wallis un guide pour visiter le lac Lalolalo.

Service des affaires culturelles de Wallis :

Chef de service : V.M. Bernadette PAPILIO - HALAGAHU

Adresse postale : B.P.131 - MATA-UTU - 98600 WALLIS

N° Téléphone :

Standard (00.681) 72 25 63

Ligne directe (00.681) 72 00 90

SOURCES

Protection et Gestion de la lentille d’eau douce d’Uvéa (BRGM, 1988)

Les oiseaux des iles Uvéa (Wallis), Futuna et Alofi: tendances, mise a jour des informations et propositions de conservation (Thibault J.C., Cibois A. & Meyer J.Y., 2014)

Introduction a la végétation et a la flore du territoire de Wallis et Futuna (Morat P., Veillon J.M. & Hoff M., 1983)

Rapport de mission forestière dans le territoire d’outre-mer de Wallis (Cherrier J.F., 1988)

Biodiversité des eaux douces de Wallis et Futuna, Mission d'octobre 2004. Rapport final, Ministère de l'Outre-mer (Mary N., Dutartre A., Keith P., Marquet G. & Sasal P., 2006)

Stratégie pour la Biodiversité de Wallis et Futuna (Service de l’environnement de Wallis et Futuna, 2015)