Ce mois-ci nous partons à la découverte des actions du Service Territorial de l’Environnement de Wallis et Futuna. Située dans l'océan Pacifique occidental, la collectivité de Wallis-et-Futuna, est constitué de trois îles principales Wallis, Futuna et Alofi où vivent 11 600 habitants.
Malo, pouvez-vous vous présenter ? Et nous présenter l’île de Wallis ?
Malo te mauli ! Je suis Florian LE BAIL, chargé de mission « Biodiversité » au Service Territorial de l’Environnement de Wallis et Futuna, deux îles situées au beau milieu du Pacifique Sud, approximativement entre les îles Fiji et les Samoa, ou à une autre échelle, entre la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie. Arrivé sur le Territoire d’Uvéa en 2013, avec un background en agronomie/halieutique, je suis depuis 2018 en charge de la mise en œuvre de la stratégie Biodiversité sur le Territoire, ainsi que du suivi des milieux, mais j’accompagne également les associations et les scolaires dans leurs différents projets en lien avec l’environnement.
A Wallis, on trouve un concentré d’habitats différents, abritant des faunes et flores variées : des zones de forêts naturelles (denses humides et littorales), des zones humides avec les différents lacs (Lalolalo, Lanutavake, …), plusieurs hectares de mangroves ainsi que le lagon et son récif, dans lequel se trouvent une quinzaine d’îlots coralliens.
Mon travail consiste à suivre l’évolution dans le temps de ces différents milieux, afin d’identifier d’éventuelles perturbations, et à travailler avec la population à leur préservation, au travers d’opérations avec les associations et les villages. J’interviens également dans le cadre scolaire, afin de sensibiliser les élèves à leur environnement.
Comment évoluent les espaces naturels à Wallis et Futuna ? Quelles sont les pressions impactant ces milieux ?
Les espaces naturels à Wallis sont soumis à de nombreuses pressions. Les plus importantes sont la destruction des habitats pour l’agriculture ou la construction, la pollution par les déchets, les eaux usées et les effluents d’élevage, les effets du changement climatique et la diffusion d’espèces exotiques envahissantes, animales et végétales. Certains milieux ont ainsi fortement régressé par le passé, comme les forêts ou les mangroves. Des opérations sont actuellement en cours afin d’inverser cette tendance. Pour les mangroves, cela passe par la réhabilitation des patchs existants, et la replantation de plants de palétuviers. Dans la cadre d’un projet BEST 2.0 mené en 2017 par Chloé DESMOTS, 4 hectares de mangroves ont ainsi été replantés, en impliquant les scolaires, les associations et les villages. D’autres projets sont actuellement en cours pour continuer sur cette lancée.

Quelle est le regard des Wallisiens sur les mangroves ? Et d’où vient le besoin de sensibiliser les jeunes à ce milieu ?
Les Wallisiens sont conscients des services rendus par les mangroves : on y pêche le Tolitoli (crabe de palétuvier) et on connaît son rôle de nurseries, on y prélève de l’écorce pour la réalisation des « tapas », et on se sert également de l’écorce et de la feuille du Bruguiera gymnorhiza, une des deux espèces de palétuviers rencontrée sur Wallis, comme remède en cas de piqûre de raie.
Cependant, de nombreuses zones ont été défrichées, soit pour donner un accès et une vue sur la mer, soit parce que ces zones ont été considérées comme insalubres, et comme réservoirs de moustiques.
Afin d’éviter que ces défrichages se reproduisent, il est primordial de rappeler aux jeunes d’aujourd’hui, qui seront les adultes de demain, les services rendus par cet écosystème, mais également de leur faire découvrir d’autres rôles importants joués par les mangroves, qu’ils ne soupçonnaient peut-être pas : rôle de filtre épurateur, de bouclier végétal, lutte contre le réchauffement climatique…
Pouvez-vous nous parler du projet pédagogique ?
Le projet pédagogique mené en 2019 sur Wallis a été porté conjointement par le Service Territorial de l’Environnement et la Direction de l’Enseignement Catholique.
Le choix de ce thème s’est fait naturellement, car plusieurs classes avaient travaillé l’année précédente dans le cadre du projet BEST2.0 à la création de pépinières en milieu scolaire, et à la replantation de plants de palétuviers. Un sentier pédagogique sur le thème de la mangrove a été également inauguré en 2018, sur le village de Vaitupu, dans le nord de l’île.
Après concertation avec les responsables pédagogiques de la Direction de l’Enseignement Catholique, dont Angelina TOFILI, un projet scolaire pour l’année 2019 a donc été proposé. Il a permis, tout au long de l’année, à travers plusieurs modules en classe et sur le terrain, de sensibiliser plus de 300 élèves de Wallis. Les élèves ont ainsi pu travailler à tour de rôle sur les espèces locales de palétuviers et leurs spécificités, les animaux spécifiques de la mangrove, les rôles importants que jouent ces mangroves, les pressions qui mettent en danger cet écosystème, et comment la préserver et la restaurer.
Ce projet a été un grand succès, grâce à la forte implication des personnels enseignants et responsables pédagogiques, à l’accompagnement du Service de l’Environnement, et bien sûr aux élèves qui se sont montrés particulièrement intéressés et motivés.
En décembre 2019, vous vous-êtes vu décerner la palme Ifrecor Océan Pacifique pour ce projet. Que représente pour vous et le SE l’obtention de cette récompense ?
L’obtention de la palme Ifrecor Océan Pacifique est pour nous un énorme succès, qui vient récompenser un long travail que nous menons main dans la main avec la Direction de l’Enseignement Catholique et les enseignants. C’est un encouragement à poursuivre nos efforts et notre collaboration, afin d’accompagner les jeunes pour qu’ils deviennent acteurs de leur environnement.
Avez-vous une anecdote de terrain à partager ou un message à faire passer ? Quels sont vos prochains projets ?
Recevoir cette récompense est l’aboutissement d’un travail de longue haleine, initié en 2017 par le projet BEST2.0 « Mangroves » porté par le Service de l’Environnement. Certains incidents auraient pu freiner voire stopper le bon déroulement de ce projet. Je pense notamment à l’incendie volontaire d’une pépinière, ou l’arrachage de plants de palétuviers fraîchement replantés sur certaines zones, à cause de motifs personnels ou liés au foncier.
Cependant, l’implication sans faille de différents acteurs a permis de poursuivre le projet et d’aboutir fin 2019 à la mise en œuvre réussie de ce projet pédagogique.
Le travail sur les mangroves ne s’arrête pas pour autant. Des opérations de réhabilitation de plusieurs patchs de mangrove vont avoir lieu en ce début d’année 2020, initiées par les associations de village. Le but est de capitaliser les expériences réussies dans le cadre du projet BEST2.0 et de ce projet pédagogique afin de permettre de préserver durablement les mangroves du territoire.
Pour avoir des informations sur le service environnement, c'est ici.
Le pôle relais tient à remercier Florian LE BAIL pour avoir accepter de répondre à cette interview.