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Une cartographie dynamique pour surveiller les mangroves et aider à la restauration

Dans le contexte actuel de changement climatique, le rôle des mangroves est une véritable solution pour prévenir et gérer de nombreux risques, qu’ils soient naturel ou liés à des questions socio-économiques. Mais elles font l’objet, dans de nombreuses parties du globe, d’une exploitation irraisonnée qui s’accompagne parfois de leur destruction. Au meilleur des cas, des tentatives de restauration peuvent participer à retrouver un écosystème plus ou moins fonctionnel. Mas le plus souvent, elles disparaissent à cause de modifications du régime hydrodynamique ou d’autres éléments d’origine anthropique.

Payse de mangrove dégradée en Indonésie, au niveau du plus grand front de déforestation au monde pour le développement de l’acquaculture. Source : WORTHINGTON ET SPALDING, 2018

À l’initiative d’un partenariat entre l’ONG The Nature Conservancy et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un modèle et un outil cartographique sont en développement pour suivre et analyser la dynamique spatio-temporelle des mangroves à l’échelle mondiale et pour aider à leur restauration.

Dans l’étude [1] conduite par MM. Thomas Worthingthon de l’Université de Cambridge et Mike Spalding, scientifique pour The Nature Conservancy, les résultats issus de ce travail de modélisation et de cartographie sont détaillés et accessibles en ligne.

Au niveau des nations, la cartographie montre une perte de mangrove pour 105 des 108 territoires du monde qui accueillent ce type d’écosystème. Durant l’année 2016, les espaces nord-américain et caribéen accusent le taux de dégradation le plus important.

L’outil révèle le « Potentiel de restauration » des côtes à mangrove du monde

Depuis 1996, il y a plus de 8 210 km de côtes où la mangrove a disparu dont la restauration est jugée possible, avec 6 630 km particulièrement favorables. La carte du « potentiel de restauration » montre la distribution de ces zones « restaurables » à travers 105 territoires. De plus, 1 389 km de mangroves dégradées ont été identifiées par l’outil pour leur chance de réussite relativement importante et à moindre coût.

La cartographie des services écosystémiques

La disparition des surfaces de mangrove depuis 1996 représente le relâchement dans l’atmosphère de 0,082 gigatonnes (GT) de carbone stockée dans la biomasse exogée et 0,354 GT de carbone retenu dans le sol. La cartographie du « potentiel de restauration » pourrait conduire à stocker 0,069 GT de carbone de biomasse exogée et environ 0,296 GT de carbone dans les premières horizons du sol. Ces chiffres sont équivalents aux émissions annuelles de 25 et 117 millions de foyers américains, respectivement.

La protection côtière

Les mangroves protègent chaque année des millions de personnes des événements climatiques extrêmes. Le niveau de protection rendu grâce à la restauration est déterminée par la localisation précise des surfaces de mangrove est difficilement cartographiable à l’échelle globale  adoptée par la cartographie du « potentiel de restauration ». Néanmoins, celle-ci permet aux utilisateurs et aux gestionnaires de hiérarchiser leur efforts, en indiquant notamment les sites où la restauration a le plus de chance d’aboutir.

La pêche

Le rôle primordial des mangroves dans la gestion et le renouvellement des stocks de poissons est aujourd’hui partagé par tous et bien documenté.  Pour 39 espèces commercialisables de poissons et d’autres vertébrés, l’outil a modélisé en détail ce processus d’amélioration. La cartographie du potentiel de restauration montre que les mangroves actuelles fournissent 1 000 milliards de poissons et d’autres vertébrés commercialisables. La restauration pourrait ajouter plus de 60 000 milliards par an. Ces poissons ne sont pas tous à des tailles de capture autorisée mais même si 1 % d’entres eux arrivait à la bonne taille de capture, les bénéfices seraient déjà considérables.

Revue des efforts de restauration dans le monde

Pour ce faire, 160 documents traitant de projets de restauration de mangroves dans 24 pays ont été consulté, pour un total de 2000 km de zones plantées ces 40 dernières années.

En prenant en compte les nombreux rapports peu ou pas assez documenté ainsi que les projets de restauration de grande envergure, la réalité serait certainement le double des chiffres avancés précédemment. Les prjets les mieux documentés qui sont mentionnés dans l’étude de Worthington et de Splading sont ceux qui présentes une méthodologie des plus solides.

Source : WORTHINGTON, T & SPLADING, M. 2018. Mangrove Restoration Potential ; A global map highlighting a critical opportunity. The Nature Conservancy, IUNC, Cambridge University36 p.