La jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) figure parmi les 100 espèces les plus invasives au monde (UICN). C’est aussi une des principales espèces exotiques envahissantes (EEE) des écosystèmes lentiques et lotiques de Guadeloupe. Cette plante aquatique a déjà fait l’objet de plusieurs chantiers d’éradication ou d’endiguement, essentiellement à partir de techniques de lutte mécanique. Mais afin de proposer une alternative complémentaire à cette approche, une équipe de la Société d’histoire naturelle de L’Herminier - dont fat partie Franck A. Maddi, botaniste - en partenariat avec la DEAL Guadeloupe et l’Université des Antilles (Campus de Fouillole, Guadeloupe), a engagé une étude sur l’allélopathie appliquée à la jacinthe d’eau.

On appelle par « alléopathie » le phénomène qui correspond en fait à l'action d'une plante ou d’un organisme sur un(e) autre par l'intermédiaire de composés chimiques. Par exemple, certains végétaux tels que le sorgho ou le seigle inhibent la croissance de plantes adventices en sécrétant des substances toxiques ou nocives. Il s’agit d’effets alléopathiques.
C’est justement ce phénomène auquel souhaitent avoir recourt Franck A. Maddi et ses associés pour lutter contre la prolifération de la jacinthe d’eau, aux multiples conséquences néfastes sur l’équilibre des écosystèmes aquatiques. L’idée serait donc d’utiliser d’autres végétaux pour limiter « naturellement » le développement de l’hydrophyte envahissante.
Dans une série d'essais en mésocosme et au champ, ils ont donc testé l'effet allélopathique de quatre espèces communes à la Guadeloupe, le lantanier commun (Lantana camara), le petit baume (Lantana involucrata), le tamarin bâtard (Leucaena leucocephala), et le gros thym (Plectranthus amboinicus).
Les premiers résultats obtenus permettent d'envisager comme possible le développement d'un dispositif de lutte allélopathique contre la jacinthe d'eau et probablement d'autres espèces envahissantes des zones humides des Antilles.