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A la rencontre de Laëtitia Bisarah, chargée de mission à la FAPE

Laëtitia, en quelques mots, pourrais-tu te présenter ?
Originaire de Côte d’Ivoire, j’ai réalisé mes études supérieures en Bretagne avant de travailler dans le domaine du traitement des déchets industriels dans le Sud-Ouest de la France.
Après plusieurs séjours en Polynésie, j’ai décidé de venir m’installer à Tahiti, fascinée par la richesse des ressources terrestres et marines. En tant qu’ingénieur de l’environnement, je suis consciente de la menace que l’homme représente sur l’environnement.
J’ai rejoint l’équipe de la FAPE (Fédération des Associations de Protection de l’Environnement en Polynésie française) depuis janvier 2018.

Pour ceux qui ne la connaissent pas, qu’est ce que la FAPE (Te Ora Naho) et quel poste occupes-tu au sein de cette fédération ?
La FAPE regroupe 30 associations membres (1542 adhérents actifs) avec des objectifs communs que sont la protection des écosystèmes et l’adaptation du mode de vie (consommation/production) pour que la biodiversité, les paysages/la qualité de vie (santé), les usages culturels étroitement liés à la nature en Polynésie et les ressources naturelles perdurent pour les générations futures.

Ses missions sont de :
– regrouper, concerter, coordonner et faciliter la vie associative ;
– être l’interlocuteur privilégié des instances territoriales (rôle de représentation institutions, commissions…) ;
– informer associations et population sur les problèmes majeurs d’environnement ;
– gérer des actions d’intérêt général.

Parmi plusieurs projets, la fédération anime la mise en place d’aires marines éducatives ,en partenariat avec la Direction Générale de l’Éducation et des Enseignements de Polynésie française (DGEE) et l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB). Sont également intervenants l’association “Te mana o te moana” et l’agence Créocéan.

Ainsi, la fédération prête son concours opérationnel, technique et financier à certaines AME, grâce principalement à des fonds de Union Européenne (programme Best), dans le but de:
– prêter assistance à leur gestion ;
– faire réaliser les états écologiques scientifiques (analyses quantitatives et qualitatives du milieu: état des coraux, poissons, bénitiers, algues, pollution…) ;
– organiser les interventions des spécialistes  (scientifiques ou culturels, associatifs, pêcheurs…) en classe et sur le site marin ;
– soutenir les actions de communication.

Je suis chargée de coordonner cette mission.

Le projet « Surveillons la mangrove de Polynésie française ensemble » de la FAPE, fait partie des 44 lauréats de l’appel à projets « Mon projet pour la planète », porté par le ministère de la Transition écologique et solidaire, en partenariat avec l’Ademe et l’Agence Française de la Biodiversité. Concrètement, quels en sont les objectifs et comment va se dérouler ce projet ?
L’espèce de palétuvier Rhizophora stylosa, naturellement absente de la Polynésie française, a été introduite à Moorea en 1933 à des fins économiques. Cette espèce s’est depuis largement propagée non seulement à Moorea, mais également sur 5 autres îles de l’archipel.
Dans les années 1980, un débat scientifique s’est ouvert car le Service de Développement Rural (SDR) local voulait éliminer les mangroves introduites à Moorea. Le débat n’a jamais été tranché, tandis que la colonisation par les mangroves continue. Aujourd’hui, le Rhizophora stylosa n’est pas classé au rang des 39 espèces de plantes envahissantes menaçant la biodiversité du Pays mais sa propagation est surveillée par le CRIOBE.
Afin de déterminer si on assiste ou non à un remplacement des écosystèmes littoraux endémiques (« submangroves ») par de la mangrove, l’Université de Nantes va conduire une étude d’analyse spatiale. Étant donné la surface minime de l’étendue des mangroves sur certaines îles, il est nécessaire d’utiliser des images satellites à très haute résolution (WorldView 3) dont l’acquisition est comprise dans cette proposition (6 images).
Cette analyse spatiale doit impérativement être complétée par un travail minutieux de terrain. Il est proposé que les associations membres de la Fédération des Associations de Protection de l’Environnement (FAPE) travaillant sur les 6 îles où sont présentes les mangroves travaillent avec l’expert-géographe dans un esprit d’échanges et de formations mutuelles. Un membre de la FAPE basé à Papeete, un membre des associations présentes localement et un guide local se joindront à l’expert-géographe (3 jours par île). L’expert pourra ainsi former les bénévoles locaux aux identifications d’espèces, aux relevés de terrain. Un séminaire public sera organisé à Papeete pour sensibiliser le public à ces questions ainsi qu’un séminaire de restitution une fois le travail de l’expert finalisé.

Peux-tu nous parler des différentes actions que vous avez mises (ou mettez) en œuvre et qui te tiennent à cœur ?
En plus du projet des Aires Marines Éducatives, la FAPE gère d’autres projets comme le réseau d’éco-sentinelles par exemple.
L’objectif est de développer un réseau d’éco-sentinelles bénévoles qui surveillent l’environnement de leur île ou de leur commune, et qui mettent en place des projets de développement durable dans ces dernières.
Un autre projet intéressant est celui de l’« alternative bois ». Objectif : développer la filière du bois en Polynésie afin de limiter l’utilisation de matériaux de construction non-renouvelables avec la création d’un « fare » en bois en partenariat avec l’ADEME et la délégation à l’habitat et à la ville.

Au pôle relais, nous avons lancé l’année dernière le concept de « Zones Humides Educative » (zhe) largement inspiré de celui des « Aires Marines Éducatives ». Aujourd’hui, où en sont ces AME ? L’école primaire de Vaitahu, a l’origine de ce projet, a t-elle fait des émules ?
L’outil pédagogique des AME est en pleine expansion puisque de nouvelles AME doivent voir le jour à la rentrée 2018-2019.

En Polynésie, mises à part la mangrove, quels types de milieux humides rencontre t-on et sont-ils exposés à des menaces ?
Les rivières représentent le milieu humide à préserver en Polynésie française.
La FAPE porte d’ailleurs un projet « Anavai » pour les valoriser et ainsi mieux les préserver et les réhabiliter.
En effets, ces écosystèmes sont menacés par la pollution, les extractions de gravats et les constructions.

Ci-dessous, la présentation illustrée de la FAPE :