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Les représentations et les pratiques associées aux mangroves de la Martinique

Aborder les zones humides – et les milieux naturels en général – à travers le prisme des Sciences Humaines et Sociales est une démarche nécessaire pour mieux les préserver et mieux les connaître. Car si une zone humide est un espace de fonctionnalités écologiques à part entière, c’est également une histoire humaine. “La nature propose, l’homme dispose” mais en fonction de ses rapports à l’environnement et de ses perceptions.

L’ « Étude en Sciences Humaines et Sociales sur l’Eau et les Milieux Aquatiques en Martinique », débutée à partir de 2014, vise justement à mieux connaître les rapports que les martiniquais entretiennent avec leurs écosystèmes aquatiques. L’analyse de leurs perceptions, de leurs représentations et des usages doit permettre à termes de proposer une politique de gestion efficace de l’eau et des milieux aquatiques. Après une première phase de recherche sur les relations des martiniquais aux cours d’eau (téléchargeable sur le site de l’Office de l’eau (ODE) de la Martinique), un second volet s’est intéressé aux cas des mangroves : comment sont-elles perçues ? Quelles activités s’y pratiquent ? Autant de questions nécessaires pour mieux comprendre les usages et les enjeux de gestion liés aux mangroves du territoire.

Trois objectifs généraux orientent cette deuxième phase de recherche (2016-2017) :

● Objectif 1 – Mieux comprendre les relations qu’entretiennent les Martiniquais avec les mangroves.
● Objectif 2 – Mieux définir les attentes des Martiniquais dans le domaine de la gestion des mangroves, selon des représentations et des pratiques à court et moyen termes.
● Objectif 3 – Mieux identifier les jeux d’acteurs au sein du bassin martiniquais, les freins et les leviers d’action potentiels pour accompagner la mise en œuvre d’une politique efficace de gestion des mangroves.

 

Une population en grande majorité consciente de l’importance des mangroves d’un point de vue naturel et socio-économique

La mangrove reste un lieu important du point de vue social : un peu plus de la moitié des personnes interrogées avouent pratiquer au moins une activité en mangrove ou en arrière-mangrove. Ces activités concernent en premier lieu la pêche et les sports de nature (randonnée, loisirs nautiques, etc.). Au vu des connaissances rapportées par les habitants à propos de l’écosystème, le milieu naturel des mangroves est plutôt bien connu. En dehors des détails techniques et de la terminologie scientifique, le fonctionnement du milieu et ses rôles écologiques sont relativement bien partagés.

 

Extrait d’une représentation des termes employés par les personnes interrogées pour évoquer les espèces de poissons évoluant dans la mangrove. La taille des termes est proportionnelle au nombre de citations par les habitants. (source : Morandi et al. 2017. Les représentations et les pratiques associées aux mangroves de la Martinique. ODE/CNRS/CDL/CIRAD)

 

Si tous ces éléments restent bien ancrés dans la plupart des discours, les auteurs relèvent tout de même une certaine difficulté de la part de la population à bien appréhender l’organisation des acteurs gestionnaires : leur multiplicité (État, associations, collectivités locales, riverains, etc.) relève pour certains d’un véritable frein à la compréhension de « qui fait quoi ». La conclusion de l’étude montre une connaissance certaine de la population envers l’écosystème de mangrove. Il s’agit d’un lieu aux multiples usages et les questions liées à la préservation du milieu, souvent abordées par les habitants, traduisent une véritable préoccupation à son égard. Les auteurs estiment ainsi que le travail de longue haleine sur les mangroves, aussi bien en termes de sensibilisation que de gestion opérationnelle, porte ses fruits.

En savoir plus

L’étude est disponible en téléchargement sur le site de l’ODE de la Martinique ainsi que sur le portail documentaire du Pôle-relais zones humides tropicales.