En quelques mots, pouvez-vous vous présenter ?
Actuellement j’occupe le poste du responsable de la communication et du tourisme à la Régie RNNESP, organisme gestionnaire de la Réserve Naturelle Nationale de l’Etang Saint-Paul.
Après un master en histoire et master professionnel en gestion et valorisation des patrimoines culturels, j’ai été guide-conférencier au sein de Saint-Etienne Ville d’art et d’histoire pendant plus de 8 ans. A plusieurs reprises j’ai été chargé de mission au sein des offices de tourismes et services culturels de collectivités pour la valorisation des patrimoines, qu’ils soient historique, architectural, naturel ou paysager. L’orientation communication est intervenue lors que j’ai été responsable de la communication et du tourisme au sein d’une distillerie de lavandes et de plantes aromatiques en Drôme Provençale.
Le tourisme et la communication en lien avec un espace naturel (RNN Étang de Saint-Paul), était-ce pour vous un objectif de départ ou cela s’est-il présenté par opportunité ? Quelles différences cela implique-t-il par rapport à un secteur touristique tourné vers le patrimoine urbain par exemple ?
Travailler dans un espace naturel a été une opportunité qui s’est présentée lors de mes vacances à La Réunion en janvier 2015. J’ai vu l’offre dans le journal local et j’ai postulé. Néanmoins cette sensibilité aux espaces naturels je l’ai depuis mes études, lorsqu’à l’université j’avais des cours sur la patrimonialisation de la forêt. Je n’oublierai jamais ces cours, qui ont été une vraie révélation.
Le secteur du tourisme n’est plus exclusivement tourné aujourd’hui vers le patrimoine urbain. En effet, il est de plus en plus tourné vers la nature et les espaces naturels protégés car il y a une demande très forte des usagers de se reconnecter à la nature.
La différence fondamentale entre le tourisme en nature et le tourisme en ville réside dans l’appropriation du temps. A la Réserve, nous nous attachons à favoriser la contemplation et la lenteur avec l’emploie de mode déplacement doux comme la marche, le kayak et ou le vélo. Cette volonté se traduit par l’acquisition de vélos à assistance électrique pour les individuels et d’un bus électrique pour les groupes. De plus, nous cherchons à créer une démarche touristique responsable, durable et solidaire en favorisant les porteurs de projets locaux en leur apportant notre expertise en matière de protection de l’environnement.
Pouvez-vous présenter la RNN de l’Étang de Saint-Paul (quelle importance du site à l’échelle du territoire réunionnais, spécificités, faune/flore caractéristiques, qui gère, enjeux et problématiques de gestion principales…) ?
La RNN Etang de Saint-Paul a été créée en 2008. D’une surface de 447 hectares elle est considérée comme la plus grande zone humide de l’archipel des Mascareignes (Réunion, Maurice et Rodrigues) et la plus grande zone humide littorale de La Réunion. Elle est gérée depuis 2015 par un établissement public administratif, la Régie RNNESP qui compte une vingtaine d’agents aujourd’hui.
Formé il y a plus de 2200 ans et situé au pied du plus grand bassin versant de l’île, l’Etang de Saint-Paul est une vraie enclave naturelle humide au cœur de la ville de Saint-Paul, installée en zone semie-sèche. L’une de ses particularités réside dans sa formation (comblement naturel) et son positionnement géographique (au cœur de la ville).
La réserve naturelle comprend deux zones : une zone de protection intégrale (dite zone A) de 249 hectares constituée par la partie marécageuse qui présente la plus forte biodiversité spécifique et une zone de protection modérée (dite zone B ou « périphérique ») de 198 hectares, à dominante agricole, qui entoure la zone la plus fortement protégée. Sur le site, on dénombre environ 40 espèces végétales patrimoniales dont plus de 20 sont qualifiées de remarquables telles que la Phragmites mauritianus, le Thespesia populneoides, le Paspalidium germinatum. Côté faune, ce ne sont pas moins de 26 espèces d’oiseaux (poule d’eau, héron vert, busard de Maillard) et 230 espèces d’insectes. Près de 30% des espèces animales inventoriées au sein de la RNN Etang de Saint-Paul, présentent une valeur patrimoniale forte. Les principaux enjeux se situent au niveau des oiseaux, des poissons et macrocrustacés ainsi que des Insectes, plus particulièrement des lépidoptères et des odonates.
La RNN de l’Etang de Saint-Paul est un site pilote pour le développement des sports de nature et les sports nautiques. Comment cela se traduit-il concrètement ?
Dans le cadre de la commission communale des espaces sites et itinéraires (CCESI) de la ville de Saint-Paul, le site de l’Etang de Saint-Paul a été choisi comme site pilote. Créée en mai 2017 et placée sous la coordination de la direction des sports de la ville, elle vise à pérenniser les sites sports de nature et favoriser la pratique du sport sur les espaces naturels. Fédérant de nombreux acteurs du sport, de la nature et de la culture (Office Municipal des Sports, Saint-Paul Ville d’art et d’Histoire, Territoire de la côte ouest et la Régie RNNESP), la CCESI souhaite également générer de l’activité économique endogène et favoriser l’insertion des personnes éloignées de l’emploi par la création de nouveaux sentiers de randonnées.
Pleinement engagée dans cette démarche, la Régie RNNESP travaille à la construction de cinq sentiers pédestre pour une distance totale de 20 kilomètres sur et aux abords du périmètre de la Réserve Naturelle Nationale Etang de Saint-Paul. Balisés et agrémentés de panneaux d’informations en français et en anglais sur la faune, flore, l’histoire et les patrimoines de l’Etang Saint-Paul, ces sentiers seront adaptés à toute la famille. Les premiers sentiers seront balisés dès la fin de l’année.
Selon-vous, le tourisme de nature doit-il être une activité payante, comme c’est déjà le cas dans certains pays et certains espaces naturels français ? Doit-on généraliser ces mesures ?
La nature est un bien commun et jouir de cette nature doit selon nous rester gratuit. A la RNN Etang Saint-Paul, nous demandons une contribution au public uniquement lors des visites guidées. Cette participation financière allant de 3 à 8 euros par personne en fonction de l’activité est un moyen de sensibiliser le public au fait que la gestion d’un espace naturel à un coût notamment dans le cadre de la réalisation d’une signalétique ou de l’entretien des sentiers de randonnée.
Quels sont les projets de la Régie RNNESP pour la RNN Etang Saint-Paul ?
La fin de l’année 2017 sera placée sous le signe de l’éducation à l’environnement. En effet, une exposition itinérante créée avec une école de Saint-Paul sera inaugurée au début de mois de novembre. Intitulée « Mon Etang à Saint-Paul, mi koné (je sais), mi aim (j’aime), mi protèz (je protège), elle sera à disposition de l’ensemble des établissements scolaires de La Réunion sous forme de prêt.
Par ailleurs, afin d’accompagner les visiteurs locaux et étrangers sur les différents sites, une nouvelle signalétique informative en français et en anglais sera installée à la fin de l’année.
Ensuite nous commençons à préparer les festivités pour les 10 ans de la Réserve en 2018 ainsi que l’ouverture de la nouvelle maison de la Réserve prévue dont la livraison est prévue pour la fin du premier trimestre 2018.