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Les Journées Européennes du Patrimoine ont été l’occasion de retracer, au fil de l’eau, tout un pan de l’histoire de la commune de Morne-à-l’Eau (Guadeloupe). À partir du canal des Rotours, et tout un réseau de canaux annexes, les origines de l’implantation actuelle de la ville et son passé industriel ont été dévoilés aux élèves de l’école Ernest Pallas et Hyppolite Coclès de Lasserre. Grâce à M. Jean-Claude Blanche, historien qui consacré une partie de ses recherches sur le canal des Rotours, les enfants ont pu découvrir que l’eau et les paysages actuels sont les témoins de cette histoire.
Prenons un peu de hauteur à Laroche, sur un promontoire qui domine la plaine de Grippon.

Aujourd’hui cultivée, cette plaine inondée jusqu’en 1826 a fait l’objet d’importants travaux de drainage. Cette vaste zone marécageuse collectait à l’origine une partie des eaux des Grands-Fonds, charriées par la ravine négresse qui elle-même venait alimenter la ravine des Coudes. C’est sur cette dernière que furent menés les travaux d’aménagement d’un canal, lancés à partir de 1826 sous l’impulsion du baron des Rotours et destinés à évacuer les eaux vers la mer. En 1830, au prix de quelques vies humaines emportées par la rudesse des travaux, le canal des Rotours était né et permis ainsi le développement d’une agriculture tournée vers l’exploitation du sucre. Il servit par la suite de canal d’acheminement des marchandises, comme en témoigne par exemple l’existence de traces d’anciennes structures servant à transvaser les produits.
Véritable axe structurant, la construction du canal des Rotours est à l’origine du déménagement de la ville de Morne-à-l’Eau depuis l’actuel Vieux-Bourg jusqu’à la position qu’on lui connait aujourd’hui. On lui prédisait à l’époque un avenir riche et un poids socio-économique important, compte tenu de la disponibilité de surfaces planes pour l’implantation d’activités diverses.
Cette matinée de découverte s’est poursuivie le long du canal de Pointe-à-Retz. Les élèves ont pu ainsi découvrir les ruines d’une ancienne usine, véritable patrimoine industriel de la ville lié aux canaux.
D’abord à vocation historique, ces journées n’empêchent pas forcément un aparté sur d’autres formes du patrimoine, à savoir le patrimoine naturel. Le long du canal des Rotours, rejoint après la découverte de l’usine, M. Éric Léopold, garde du littoral de la commune, a proposé des animations ludiques sur la faune et la flore caractéristiques des zones humides, comme les palétuviers par exemple, que l’on peut apercevoir sur le canal dans sa partie avale.

Enfin, cette journée s’est achevée sur la présentation du site Gédéon-Bambou, ancienne décharge communale destinée à accueillir une future « Zone humide éducative » (ZHE), comme un symbole de la reconquête de la biodiversité. Les élèves de l’école Hyppolite Coclès de Lasserre auront l’ambitieux et gratifiant projet d’organiser la « renaissance » de cet espace, à travers la prise en compte de la biodiversité et de ses aménités. Ce projet, particulièrement soutenu par Mme Sonia Montout, référente « ZHE » au Rectorat de Guadeloupe, vise à faire des élèves de véritables gestionnaires en herbes ! Cette journée dédiée au patrimoine mornalien a été organisé grâce à l’implication des membres de la Direction de l’Environnement et du Développement Durable de la commune.
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