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Des travaux scientifiques hiérarchisent les zones humides côtières dans leur capacité à stocker le carbone dans un contexte de changement climatique

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          L’étude anglo-saxonne Clarifying the rôle of coastal and marine systems in climate mitigation , parue dans la revue « Frontier of the Ecology and the Environment » en février 2017, porte sur l’analyse quantitative et qualitative des capacités de stockage du carbone des différents écosystèmes marins et de zones humides littorales. Elle permet donc de situer l’importance de ces zones humides dans le cycle du carbone, une molécule constituant le fameux gaz à effet de serre qu’est le dioxyde de carbone (C02). Jennifer Howard avance l’expression de « carbone bleu » pour illustrer la part des écosystèmes marins et aquatiques dans ce cycle.

          Jusqu’alors, les études portaient majoritairement sur l’importance des forêts tropicales et de l’océan, en tant que colonne d’eau, comme réservoirs de carbone – ou « puits de carbone » – indispensables pour atténuer les effets du changement climatique observé actuellement. Mais selon les auteurs de l’article, le rôle des zones humides littorales dans ce processus a été négligé et celles-ci s’avèrent être d’excellents « puits de carbone » en comparaison aux forêts terrestres. Les auteurs passent au crible les spécificités et les modalités de piégeage du carbone de ces écosystèmes, tels que les récifs coralliens (inscrits comme zones humides selon la définition officielle de RAMSAR), les marais intertidaux, les herbiers et les mangroves soient certaines zones humides tropicales. L’analyse du rôle de la faune et de la flore marine (phytoplancton, algues, zooplancton…) est également effectuée.

          Les premiers résultats sont univoques : les zones humides côtières constituent des puits de carbone plus importants que la plupart des forêts terrestres, en particulier pour les mangroves (cf. figure 1). Leur destruction est donc responsable du transfert du carbone stocké (dans les sols ou la biomasse) vers l’atmosphère et l’océan. Il s’agit donc d’un service écosystémique indéniable pour lutter contre le changement climatique, de plus en plus accepté dans les politiques de gestion et de mitigation du risque lié au changement climatique.

A noter qu'un ratio doit être effectué entre les capacités de stockage et la surface des systèmes. Source : HOWARD J. et al., Clarifying the role of coastal and marine systems in climate mitigation, Frontier in Ecology and the Environment, Février 2017 Vol : 15, 40-50
Source : HOWARD J. et al., Clarifying the role of coastal and marine systems in climate mitigation, Frontier in Ecology and the Environment, Février 2017 Vol : 15, 40-50

          Les récifs coralliens, les formations alguales et la faune marine (phytoplancton) jouent également un rôle mais celui-ci reste marginal dans le stockage à long-terme du carbone (à noter qu’une fraction du carbone assimilé par le phytoplancton se retrouve piégé, lors de sa chute, dans les sédiments marins en profondeur). En comparaison, les mangroves s’avèrent être de véritables « puits de carbone », emprisonnant la matière organique carbonée dans le sol où la salinité limite les processus de décomposition par l’activité microbiologique. Le carbone est ainsi « piégé » dans le sol. En revanche, deux processus caractérisent le transfert du carbone vers et en dehors des récifs coralliens : ceux-ci accumulent du carbone via la photosynthèse effectuée par les algues symbiotiques qu’ils abritent mais en relâchent lorsqu’ils respirent. Il existe également une perte lors du phénomène de calcification. Celui-ci rend l’eau plus alcaline et altère donc la capacité de stockage du carbone de l’océan à l’échelle locale.

          Pour conclure, les auteurs estiment que les politiques en charge de la mitigation des effets estimés du changement climatique doivent considérer prioritairement le rôle des zones humides littorales dans le stockage du carbone à long-terme. Les autres composantes ne sont le plus souvent qu’une étape transitoire dans le cycle du carbone, un réservoir à court terme. Cependant, le rôle du phytoplancton dans le stockage du carbone, s’il est indéniable, est par nature difficile à être assimilé dans des politiques de gestion ou de géo-ingénierie.

Vous pouvez consultez l’intégralité de l’article sur notre base de données.

 

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