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Initiées en 2000, l’association Kwata a repris depuis 2010, grâce au soutien financier de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL), les études sur le Lamantin (Trichechus manatus) en Guyane avec plusieurs objectifs parallèles : la communication autour de cette espèce ambassadrice des estuaires de la région, les inventaires quantitatifs et la possibilité de captures d’animaux afin de les équiper de balises permettant un suivi à distance.
Des inventaires menés régulièrement
L’évaluation quantitative est un réel défi. En effet, les eaux de Guyane et plus largement du littoral nord d’Amérique du Sud n’étant pas suffisamment claires pour permettre des comptages aériens pour évaluer la distribution et l’abondance des lamantins, il fallait donc trouver d’autres techniques plus appropriées au contexte local. L’une des méthodes adoptée est celle du sonar, déjà mise au point et utilisée en eaux turbides en Floride et au Mexique.
La détection des individus par sonar dans les cours d’eau nécessite l’interprétation d’un signal qui se traduit par une forme et une ombre. Il est alors nécessaire de prendre plusieurs paramètres en compte (profondeur du cours d’eau, taille de la masse observée, ombre portée,…) pour être capable d’identifier les lamantins.

C’est donc dans ce cadre qu’en juin dernier, l’association Kwata a réalisé en partenariat avec l’équipe de la Réserve Naturelle de Kaw-Roura un suivi lamantin. La prospection s’est déroulée sur toute une journée pendant 8h sur l’aval de la rivière de Kaw entre l’estuaire et le village.
L’équipage se composait de 4 personnes : un garde de la Réserve Naturelle de Kaw-Roura comme motoriste, une salariée de l’association Kwata en charge du suivi au sonar, la conservatrice de la Réserve et un stagiaire en BTS-GPN tous deux en charge de l’observation. En effet, des observateurs embarqués sont indispensables pour confirmer les possibles observations au sonar mais aussi pour détecter tous les indices de présences. Les lamantins sont des animaux discrets et farouches qui ne se laisse pas facilement observer, il est donc compliqué de les observer à chaque sorties sur le terrain.

Les premiers travaux entrepris par l’association Kwata il y a 15 ans consistaient en des campagnes d’entretiens auprès de la population. Ces entretiens indiquaient une distribution large des lamantins, rapportée sur la quasi-totalité de la bande côtière de Guyane. Cette distribution a été confirmée lors des campagnes de 2010 et 2011, certaines observations ont même été faites sur des sites encore non connus. La fréquence d’observation n’est toutefois pas équivalente partout, les zones rocheuses côtières, la rivière de Kaw, sont par exemple des spots majeur d’observation. Mais il est difficile d’en déduire que les lamantins y sont davantage présents qu’ailleurs : ce sont surtout des zones offrant des opportunités d’observations plus faciles.
Carte : observations probables depuis 2014, basées sur les données issues des inventaires sonar, des points d’observation fixe et des entretiens avec les habitants.

Depuis 2012, 985 km de rivières (12 fleuves) ont été parcourues, à une vitesse lente et régulière de 5km/h, correspondant à environ 217h de prospection. Entre 2014 et 2015, 13 observations fiables (observation au sonar doublée d’une confirmation visuelle), ont ainsi pu être faites. En complément, ces relevés sonar s’accompagnent de points d’observation fixe sur les zones les plus favorables (estuaires, zones rocheuses,…). Les signes de présence sont également recherchés : les traces de broutage (Echinochloa polystachia, Crinum erubscens ou encore les « moucou-moucou ») constituent de bons indicateurs de la présence récente du lamantin.
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