Dans le cadre de la 21ème édition du Festival des Images de la Mer, la Somapresse et ses partenaires dont le Conservatoire du littoral, le Parc Naturel Marin de Mayotte et le vice-rectorat de Mayotte, ont organisé pour la deuxième année consécutive un concours de nouvelles. En cette année de la mangrove, le thème choisi était La mangrove et nous.
Les résultats et la remise des prix se déroulés lors de la soirée de clôture du Festival d’images sous marines, sur la Place de la république à Mamoudzou, le dimanche 31 mai 2015
Voici les nouvelles des lauréats
Classe de CE1 A de l’école de Kawéni
Anagramme
Mayotte a beaucoup de richesses et de malavou,
A Mamoudzou, il en existe une, près de la barge où l’eau salée se mélange à l’eau douce,
A cet endroit là, s’épanouit dafiné yadzama, là où les voitures et les piétons passent sans la contempler,
Nous avons donc rendu visite à ce trésor enfoui,
Gigantesque et boueuse,
Remplie de oulanga tadjiri,
Cette merveille doit rester ndzouzouri pour laisser vivre ces multiples animaux et mhonko, elle est un abri pour eux, elle respire pour eux,
Cette merveille doit rester intacte pour protéger nos côtes et notre île, elle est une barrière pour nous, elle respire pour nous,
On vous conseille de la respecter, de l’observer et riyisiké mihono mili pour la protéger,
Visitez ce trésor caché et prenez le temps de l’apprécier pour qu’elle continue ses missions,
En hifadhui ou mouhonko, nous préservons notre avenir.
Sourayah Mlamali,12 ans
La vengeance de Dame mangrove
Dame mangrove était un être très utile, pour la petite île nommée Mayotte. Elle protégeait l’île des inondations, de l’érosion et de toute autre attaque de l’océan. Mais personne ne remarquait son utilité et personne ne s’occupait d’elle !! De plus elle avait comme voisin des êtres plutôt agaçants :
– le crabe
– l’homme, sa femme et son enfant
– l’hirondelle des Mascareignes
– l’océan
Ces derniers n’arrêtent pas de se disputer cela énervait beaucoup Dame mangrove qui était pour la paix et la bonne humeur.
Le crabe habite en dessous des feuilles de Dame mangrove et dors sous la terre entourée des racines de celle-ci !! Mais jamais il ne va la remercier au contraire il en profite. C’est-à-dire que le crabe et très égoïste il veut garder à lui seul le sol de la mangrove, mais pendant ce temps l’hirondelle avait faim et voulait manger les vers qui se trouvent au sol, mais le crabe qui ne voulait pas partager le sol qui était pour lui son territoire !! Et pendant une semaine l’hirondelle et le crabe se disputaient. Dame mangrove en avait assez, elle était épuisée, personne ne comprenait le mal qu’on lui infligeait. Mais elle faisait encore une fois passer le bonheur des autres avant le sien. Donc pour que l’hirondelle puisse manger, Dame mangrove fit pousser des fruits sur ses branches cela résout un problème mais en produit un autre ….
L’homme qui avait remarqué les beaux fruits juteux sur les branches de Dame mangrove, voulait les offrir à sa femme et son enfant pour qu’ils puissent bien manger. Mais en allant les ramasser il écrasa tous les pneumatophores (petite racines qui sortent de la terre ce sont les poumons de la mangrove). Ce qui aggrava la santé de Dame mangrove. Mais en écrasant les racines des palétuviers, il détruisait l’environnement du crabe !! Et le crabe voulut se venger, il détala jusqu’à la voiture de l’homme et creva le pneu de celle-ci. A son retour l’homme remarqua que son pneu était crevé, il enleva le pneu le jeta dans la mangrove et pris son pneu de secours.
– Et encore quelqu’un qui me pollue dit Dame mangrove.
L’homme donne les fruits à sa femme, la femme les cuisine en sauce puis elle sert toute sa famille, elle alla faire la vaisselle dans la rivière qui mène à la mangrove. Dame mangrove fit son boulot et empêche les déchets de se déverser dans l’océan. Puis la femme changea la couche de son enfant et la jeta dans la mangrove. Elle continua sa journée en faisant la lessive dans la rivière qui je vous rappelle mène a la mangrove, elle versa de l’eau de javel, pris le savon et frotta chaque habits jusqu’à ce que l’eau soit pleine de mousse puis elle est partie les mettre à sécher sur l’herbe. Et Dame mangrove devenait de plus en plus faible !!
La voiture de l’homme n’était pas très belle de plus elle était vielle et son pot d’échappement qui produisait abondamment de la fumée noir (ce qui polluait les feuille de la mangrove). Mais l’homme ne se soucie pas de la santé de Dame mangrove ! Puis d’un coup il eut soif, il s’arrêta dans une boutique et demanda au marchant une bière. Le marchant lui la donne puis l’homme regagna son véhicule la canette à la main. Quand il eu fini sa boisson il jeta sa canette dans la mangrove. Puis sa femme l’appela pour lui dire d’acheter des tomates, des oignions, et de la salade mais son mari qui avait déjà bu de l’alcool, et qui de plus téléphonait au volant n’avait pas vu le dos-d’âne. La voiture fit un tonneau et tomba dans la mangrove heureusement l’homme s’en sorti indemne. Il retourna chez lui à pied en laissant sa vielle voiture se dégrader dans la mangrove. Puis chaque jour le vent venait souffler à l’oreille de Dame mangrove :
– Venge-toi, venge-toi.
Et un jour Dame mangrove en avait assez et elle demanda à l’océan de lui rendre un service.
– Quand je serai partie, je veux que tu envahisses la terre des Hommes, que tu inondes le terrier du crabe !!
– L’océan lui répondit bien sûr Dame mangrove, je pense que je suis le seul à avoir remarqué tout les efforts que tu faisais pour nous le peuple de l’océan. On t’en est très reconnaissant ! Grace à toi les tortues ne meurent pas étouffées par des sachets car tu les empêches de passer. Tu es comme une pouponnière pour les œufs des poissons. Je te rendrai ce service volontiers.
Et quelques jours plus tard Dame mangrove disparaissait et laissa place à des inondations et des ras de marrée !!
Les hommes avaient tout perdu, leur maison, des membres de leurs familles, tout l’écosystème était bouleversé, les crabes avaient disparu, il n’y avait plus de fruits sur les palétuviers.
Pour résoudre le problème, des Foundis sont venus discuter avec Dame mangrove et après des heures et des heures d’arrangement ils trouvèrent une solution : Dame mangrove protègera à nouveau la terre des Hommes, mais en échange les Foundis devront prier pour elle à la mosquée et avertir les autres Hommes de ne pas jeter des déchets dans la mangrove, mais elle décida de ne plus faire pousser de fruit sur ses branches, car le crabe avait bien compris la leçon et partageait le sol avec l’hirondelle !!!
Apprenons à respecter la nature, et à vivre tous ensemble dans la paix !
Faidati Souldine, Etudiante à l’Université de Dembeni en 1ère année de licence de lettres modernes
Coco Palétuvia de Mihonkoni
NB : en shimahoré, coco signifie grand-mère et Mihonko est le pluriel de Mhonko qui signifie « mangrove » – lorsqu’on ajoute « ni » c’est pour indiquer un lieu, un emplacement, etc. Ainsi, Grand-mère s’appelle Palétuvia et est originaire de
Mihonkoni.
Ce soir-là quelque chose avait changé à Mihonkoni. Moinaissa n’aurait su dire quoi. Tout ce qu’il constata depuis son arrivée sur cette partie de la mangrove qui entoure çà et là Mayotte, c’est que les palétuviers semblaient s’être vêtus de leurs plus belles feuilles. Il constata aussi que d’innombrables petites lucioles ornaient l’air et paraissaient danser au rythme de l’orchestre formé de différents sons de petits animaux qui habitent les feuilles des mangroves, leurs branches et leurs racines. Ce chant parut aux oreilles de Moinaissa, plus gai qu’à l’ordinaire. Il se dit alors qu’il y allait sans doute y avoir une fête à Mihonkoni et pour en avoir le cœur net et connaître la raison de tant de beauté et d’harmonie, il s’empressa de courir auprès de Coco Palétuvia, la doyenne de toutes les mangroves de Mihonkoni pour la questionner. Avec ses nombreuses racines qui se déploient à plusieurs mètres de son tronc, Coco s’aperçut de la présence de Moinaissa, avant même que ce dernier ne puisse la voir.
Elle l’aborda la première : « soit le bienvenu Moinaissa, je suis contente que tu sois venu me voir ».
Moinaissa sursauta en entendant Coco Palétuvia l’apostropher sans qu’il ne la voie.
« Comment sais-tu que je suis là, alors que je ne suis même pas encore arrivé devant toi ? » dit-il.
« Tu oublies que mes racines sont mes yeux et mes oreilles, là où mes branches et leurs feuilles ne sont pas. Une partie d’elles m’apprend ce qui se passe dans la vase, et l’autre me transmet les nouvelles que la mer lui apporte quand la marée est haute. Et lorsque la mer se retire, cette même partie me donne alors des nouvelles de ce qui se passe dans l’air. »
« Ah mais je sais tout çà moi, mais je ne me souviens plus qui me l’a appris.
– Tout çà c’est moi qui te l’ai dit, la dernière fois que tu es venu et l’avant-dernière fois et même la fois d’avant l’avant-dernière fois. Tu es une tête en l’air mon petit. Mais dis-moi, pourquoi cours-tu ainsi ? D’habitude tu n’es pas aussi pressé de venir me voir, que t’arrive-t-il ? Approche et dis-moi. »
Moinaissa s’approcha de Coco Palétuvia qui se trouvait encore à plusieurs mètres de lui. Lorsqu’il vit enfin son tronc, il lui dit :
« Coco Palétuvia, quelque-chose a changé ici. Je ne saurais dire quoi. Toutes les semaines au même jour, après avoir parcouru les mangroves de l’île, je viens ici et c’est bien la première fois que je vois Mihonkoni aussi resplendissante, qu’y a-t-il ce soir ?
– C’est bien vrai que Mihonkoni est différente ce soir. Ne vois-tu vraiment pas ce qu’il y a de changé ? Regarde un peu autour de toi. » lui dit-elle.
Il promena son regard aux alentours un petit moment et dit :
« Je ne vois vraiment pas.
– Es-tu sûr d’avoir bien regardé partout ? dit Coco d’un ton amusé.
– Oui, répondit Moinaissa.
– As-tu regardé au sol ?
– Euh…
– Décidément tu es une vraie tête en l’air, dans tous les sens du terme. Alors dis-moi, que vois-tu au sol ?
– Eh bien, des racines, de la boue, des feuilles mortes, des petits animaux.
– Et tu ne trouves pas çà magnifique ? Maintenant dis-moi, qu’est-ce que tu ne vois pas ? »
Moinaissa leva la tête en l’air pour réfléchir. Coco le regarda quelques instants et lui dit finalement :
« Je te demande de me dire ce que tu ne vois pas au sol et toi tu regardes les airs, je crois qu’il vaut mieux que je te dise ce qu’il se passe, sinon le jour sera levé et tu partiras sans le savoir. C’est pourtant simple à deviner. Les habitants du village sont venus dans la journée et ont ramassé les ordures qui nous encombraient. Si Mihonkoni resplendit aujourd’hui, c’est parce qu’elle est débarrassée de ce qui l’enlaidissait : les canettes, les sacs plastiques, les pneus des voitures, les bouteilles et toutes ces saletés qui empêchent les mangroves et ses nombreux habitants de s’épanouir, rien de plus Moinaissa. »
Moinaissa qui avait écouté très attentivement la duègne, dit alors :
« Tu es sur que ce n’est que çà ?
– Je comprends que tu sois étonné petit. Depuis que tu es né, voilà déjà plusieurs lunes, c’est la première fois qu’un tel évènement se produit sur l’île. Depuis ta naissance, tu vis dans la mangrove que tu ne te lasses pas de parcourir. Tu as toujours vécu dans la saleté et c’est pourquoi tu n’as pas su reconnaître la propreté. Les vertus de cette dernière sont chose toute nouvelle pour toi, et c’est pourquoi tu t’en émerveilles.
– Je comprends maintenant Coco. Mais pourquoi les habitants de l’île ne font pas ça plus souvent ?
– Ah mais tu sais ils n’auraient même pas à le faire, s’ils faisaient attention à ne pas jeter leurs ordures n’importe où. »
Moinaissa resta longtemps ce soir-là à Mihonkoni, il ne partit qu’au lever du jour et se dit qu’il allait revenir le lendemain pour profiter de la beauté de Mihonkoni nettoyée, mais lorsqu’il revint le lendemain au soir, toute la beauté de la veille avait disparu, quand il questionna Coco, elle lui dit seulement ceci : « il a plu aujourd’hui, et l’eau de la pluie n’apporte pas toujours que du bon à la mangrove ».