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Le jeudi 30 avril 2015, sous un soleil généreux et une légère brise, la mairie de Boulouparis, l’association P.I.R.A.T.E, le département Environnement de KONIAMBO NICKEL, avec la collaboration exceptionnelle de SOS Mangrove NC et Calédo Clean, avaient donné rendez-vous aux 2 classes de CE1 de l’école primaire de Boulouparis, pour une opération de reboisement des berges du wharf de Tomo.
Dans le cadre du réaménagement du wharf de Tomo débuté il y a plus d’un an par la commune, la mairie de Boulouparis s’était rapprochée de l’association P.I.R.A.T.E (Protection Insulaire des Ressources Aquatiques et Terrestres Ecologiques) dont les missions de sentinelle, de nettoyage et de reboisement sont désormais reconnues sur l’ensemble de la Grande-Terre. Mais il manquait aux volontaires les compétences techniques et logistiques de spécialistes agronomes pour pouvoir faire germer les plans de palétuviers aveuglants (Excoecaria agallocha) et de rhizophora nécessaires au reboisement du site. C’est ainsi que Pierre MERCIER, Chef du Département Environnement, Andy WRIGHT, responsable environnement marin de la Société KONIAMBO NICKEL et Freddy WAHNGOJ, Technicien environnement de la société WAHNIDJANE ont accepté sans hésiter d’aider l’association et ainsi permettre la naissance du projet.
Après la germination de 300 graines des deux espèces de palétuviers et le suivi en pépinière durant 1 an et demi , seule une centaine a pu grandir jusqu’à une taille adéquate et être transplantée sur site. Jeudi, le rendez-vous était donné à 10h00. La marée basse – une 0,55 pour ce 30 avril 2015 – était idéale pour l’opération. Une quarantaine d’élèves de 6 à 8 ans et leurs encadrants – maîtresses et parents d’élèves – avaient chaussé bottes en caoutchouc ou vieilles baskets, prêts à se mouiller pour apporter leur contribution à cette mission d’enjeu environnemental et écologique.
Instigateur de l’événement, c’est Alain Lazare, maire de Boulouparis qui a ouvert la journée en remerciant les gardes Nature de la mairie présents, l’association P.I.R.A.T.E et la société KONIAMBO NICKEL sans qui le projet n’aurait pas vu le jour. Le maire a également insisté sur l’implication de la commune pour parer aux urgences écologiques auxquelles nous devons faire face.
Chacun des acteurs a ensuite pris a cœur son rôle de pédagogue en transmettant aux enfants ses savoirs et savoir-faire sur la mangrove et le lagon. « La baie de Saint-Vincent est la plus grande baie de Nouvelle-Calédonie…La mangrove du site sur lequel nous nous trouvons est également la plus grande de la Province Sud, juste devant celle de la Foa » explique Stéphane DUCANDAS, président de P .I.R.A.T.E.
« Le rôle de la mangrove est aussi culturel dans la société kanake, puisque la mangrove a fait partie des premiers habitats protecteurs et nourriciers du peuplement originel » nous dit Monik LORFANFANT de SOS Mangrove NC. Elle ajoute que la mangrove est avant tout un poumon pour le pays.
Parmi les 190 espèces de palétuviers dont 10% endémiques formant la mangrove en Nouvelle-Calédonie, deux ont été choisis pour ce projet. Le rhizophora qui a les pieds dans l’eau, et le palétuvier aveuglant qui pousse sur les berges. Les racines des rhizophoras sont un filtre d’épuration pour l’eau, une nurserie pour un grand nombre de petites et moyennes espèces de poissons et de crustacés, et un garde-manger pour des espèces plus grandes qui y naviguent à marée haute. Le feuillage des 2 espèces fixe 15 fois plus de CO2 que les autres arbres. La préservation de la mangrove représente un enjeu vital pour l’humanité, puisqu’il s’agit non seulement de la sauvegarde de la biodiversité de cet écosystème unique mais aussi de la capture de grandes quantités de CO2. L’activité humaine intensive aux abords des mangroves a considérablement abîmé et appauvri les arbres et la nature peine à reprendre seule ses droits.
Andy Wright précise qu’il est particulièrement difficile de recréer en pépinière les conditions de germination et de développement des graines de palétuviers de par la complexité de l’écosystème que la mangrove représente. Il est cependant de notre devoir d’y parvenir pour laisser à nos enfants une planète propre. Après quelques précieux conseils sur la technique de plantation, à savoir qu’il ne faut planter qu’un palétuvier par mètre carré pour laisser l’espace aux racines de s’épanouir, Andy Wright
détermine les zones et les équipes d’intervention. Chaque enfant, muni de son bâton pour creuser dans le sable mou, a pu contribuer à la plantation des rhizophoras. Les adultes se sont chargés des palétuviers aveuglants, les berges étant plus difficiles à creuser.
Rien de tel pour creuser également les appétits. Le casse-croûte offert par la mairie a été englouti avant que la marée ne soit remontée ! La journée des petits s’est clôturée par l’arrosage des palétuviers aveuglants sur la terre ferme – bien entendu, la marée s’est chargée d’arroser les rhizophoras. Et c’est avec le sentiment d’avoir accompli un acte important, et d’avoir été investis d’une vraie mission : celle de protéger leurs plantations et de transmettre auprès de leur famille l’enjeu de la sauvegarde de la mangrove, que les élèves de CE1 de l’école primaire de Boulouparis ont repris le bus du retour.
Le balisage de la zone d’intervention, la surveillance et l’arrosage des plants de palétuviers aveuglants font désormais partie intégrante du rôle des gardes Nature de la mairie de Boulouparis. Le temps que les racines s’installent, le temps que la nature prenne ses droits, le temps que les Hommes réalisent à quel point la mangrove leur est essentielle…
Le succès de l’opération de reboisement des berges du wharf de Tomo encourage la mairie, les associations P.I.R.A.T.E et SOS Mangrove NC, ainsi que la Société KONIAMBO NICKEL à reformer de nouveaux projets qui concerneront d’autres sites de la commune.
Affaire à suivre….
Texte et photos > Aurélie et Stéphane DUCANDAS pour l’association PIRATE
Contact > Stéphane DUCANDAS > 871708 > ethnotracks@gmail.com
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