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Un premier inventaire des zones humides de la Martinique avait été fait en 2005, sur la base de photos aériennes datant de 2000. A l’époque, celui-ci avait permis d’identifier 1230 zones humides pour une surface de 2687 ha. Dans le cadre de la même étude, des inventaires de biodiversité rapides (dit « de passage ») avaient été réalisés sur un échantillon représentatif de 154 zones humides.
En 2012, il a été décidé de mettre à jour ces données afin de disposer de connaissances homogènes et si possible exhaustives des zones humides de Martinique, pour répondre aux besoins de protection et de gestion de ces espaces sensibles.
Plus spécifiquement, une meilleure connaissance des zones humides était nécessaire pour répondre à des commandes précises :
- le renseignement d’un indicateur du SDAGE spécifique à la Martinique, visant à évaluer la « perte ou le gain de mangroves et de zones humides » ;
- la préparation du SDAGE 2015-2021, et en particulier l’identification des zones humides d’intérêt environnemental particulier (ZHIEP), qui bénéficient d’une protection renforcée ;
- l’appui à l’élaboration du SAR/SRCE, de la Trame Verte et Bleue (TVB) et des Atlas Communaux de Biodiversité (ABC), ainsi qu’une meilleure prise en compte des ZH dans les documents d’urbanisme ;
- la définition de critères d’identification précis des zones humides, avec notamment une liste de plantes hygrophiles adaptée à la Martinique, pour répondre aux besoins de la police de l’eau sur le terrain.

Par ailleurs, ce travail est à replacer dans un objectif plus global de contribution au « Plan national d’action pour la sauvegarde des zones humides » lancé en février 2010, suite au constat que les zones humides demeurent parmi les milieux naturels les plus dégradés et les plus menacés en France.
L’étude a démarré fin 2013, copilotée par le Parc Naturel Régional de Martinique et la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL), et financée par l’Europe (FEDER), le Ministère des Outre-Mer, la Région et l’Office de l’Eau Martinique. Sa réalisation a été confiée au bureau d’étude Impact Mer, associé pour l’occasion aux sociétés IGED et BIOS.
Cette étude comporte 4 phases distinctes :
1ère phase
Vérification de l’inventaire de 2005 en se basant sur les nouvelles données issues de photographies aériennes datant de 2010, d’images satellites de 2012 et d’un modèle numérique de terrain récent et précis à 10cm.
2nde phase
Vérification de terrain, pour les zones humides dont l’existence n’aurait pas été confirmée lors de la première phase.
3ème phase
Caractérisation fine et inventaire de la biodiversité pour l’échantillon de 154 zones humides qui avait fait l’objet d’inventaires « de passage » en 2005.
4ème phase
Analyse des données, synthèse et recommandations.

L’étude d’une durée de 18 mois sera totalement terminée en avril 2015, mais les résultats des trois premières phases sont d’ores et déjà riches d’enseignements.
Tout d’abord la vérification de l’inventaire réalisé en 2005, avec l’application d’une méthodologie plus rigoureuse, a permis de compléter le nombre de zones humides identifiées à l’époque. Ainsi, il est apparu que certaines ZH avaient été oubliées sur les images de 2000, et le compte est passé de 1230 à 1813 entités.
Par ailleurs, on constate entre les deux inventaires, donc approximativement sur une période de 10 ans (2000 : date des images utilisées pour le premier inventaire et 2010 : date des images utilisées pour réaliser sa mise à jour), une augmentation du nombre et de la surface totale de ces milieux, avec 2276 zones humides détectées pour 2875 ha, lors de l’étude en cours (comparé à 1813 zones humides pour 2775 ha en 2000). Ces résultats bruts sont cependant à considérer avec beaucoup de précautions. En effet, cette augmentation du nombre et de la surface globale des zones humides, qui pourrait être à tort considérée comme un résultat positif, s’explique essentiellement par :
- la méthodologie appliquée lors du deuxième inventaire qui combine plusieurs sources de données (photos aériennes, images satellites, MNT) et la plus grande précisions des ortho-photos 2010 qui ont permis de repérer des zones humides « invisibles » sur les photos de 2000 ;
- une description typologique plus précise qui a conduit à distinguer plusieurs zones humides en 2010, là où il n’y en avait qu’une en 2000. C’est notamment le cas dans les zones de mangrove où les milieux connexes ont été distingués des mangroves boisées ;
- une nouvelle technique de numérisation permettant une délimitation plus précise et parfois plus large de ces milieux.

Plus inquiétant, il a été constaté la disparition de 178 zones humides identifiées avec les photos prises en 2000 (soit 10% !), pour une superficie totale de 17 ha, ce qui révèle que ce sont principalement les petites zones humides (moins de 1000 m2 en moyenne), qui subissent le plus les pressions anthropiques.
Concernant la phase 3, visant à caractériser finement l’état de santé et la biodiversité d’un échantillon de 154 zones humides, un important travail de bibliographie et de terrain ont permis d’identifier presque 60 espèces d’oiseaux de zones humides et 478 espèces de plantes. Parmi cet échantillon représentatif, 59 zones humides ont été classées en « bon ou très bon état », 79 en « moyen ou mauvais état » et il a été constaté la disparition de 16 zones humides ! Un bilan plus que mitigé…
On peut conclure de ces premiers résultats que la pression sur les zones humides en particulier, et sur le milieu naturel en général, est forte en Martinique, notamment en raison d’une urbanisation mal contrôlée.
Enfin, il faut préciser que le travail de terrain pour réaliser les inventaires de biodiversité a créé une dynamique très forte autour des zones humides, en mobilisant de nombreuses structures associatives ou institutionnelles, et de nombreux naturalistes et experts, professionnels ou amateurs bénévoles. Cette contribution à la première lettre d’information du Pôle-Relais Mangroves & Zones Humides d’Outre-Mer est l’occasion de tous les remercier chaleureu
sement.
Contact :
Denis ETIENNE,
Chargé de mission référent milieu marin,
DEAL Martinique
E-mail : denis-l.etienne@developpement-durable.gouv.fr
[:en]

The very first inventory of Martinique’s wetlands was conducted in 2005, based on aerial photos taken in 2000. At the time, the photos had made it possible to identify 1,230 wetlands, over a total surface area of 6,640 acres. Within this same study, brief biodiversity inventories were conducted on a representative sample of 154 wetlands.
In 2012, it was decided that this data should be updated, so homogeneous and if possible exhaustive knowledge could be obtained regarding Martinique’s wetlands, with a view to meeting protection and management requirements for these sensitive zones.
More specifically, improved knowledge of the wetlands was needed to meet specific requirements:
- the establishment of an SDAGE (French Water Development and Management Master Plan) indicator specific to Martinique, aiming to assess the « loss or gain of mangroves and wetlands »;
- the preparation of the 2015-2021 SDAGE program, particularly the identification of wetlands of particular environmental interest (known as ZHIEPs in France), which benefit from enhanced protection;
- support in the elaboration of the SAR (French regional development scheme)/SRCE (French regional ecological coherence scheme), the Trame Verte et Bleue (TVB – Green and Blue Guidelines), the Atlas Communaux de Biodiversité (ABC – Local Biodiversity Atlas), as well as enhanced consideration of wetlands in town planning documents;
- the determination of specific wetland identification criteria, with a list of wetland plants adapted to Martinique, so all the police’s questions on water can be answered directly in the field.

Moreover, this project should be considered within the wider objective of contributing to the « National action plan for safeguarding wetlands », launched in February 2010 following the observation that these wetlands were some of the most deteriorated and threatened natural environments in France.
The study started late 2013, co-managed by the Parc Naturel Régional de Martinique (Martinique Regional Nature Park) and the Environment, Planning and Housing Directorate (DEAL), and was financed by Europe (ERDF), the Ministry for Overseas Territories, the Region in question and the Martinique Water Agency. Its completion was entrusted to the Impact Mer design office, associated during this project with IGED and BIOS.
This study included 4 distinct phases:
Phase 1
Checking the 2005 inventory, based on the new data drawn from aerial photographs taken in 2010, satellite images from 2012 and a recent digital land model (error margin of 4 inches).
Phase 2
Checking the land for wetlands whose existence was not confirmed during phase 1.
Phase 3
Detailed characterization and full biodiversity inventory for the 154 sample wetlands, which were analyzed during the 2005 brief inventory.
Phase 4
Data analysis, synthesis and recommendations.

The study – carried out over 18 months – will be completed in April 2015, but the results of the first three phases can already teach us a great deal.
Firstly, checking the 2005 inventory using more rigorous methods helped increase the number of identified wetlands. It was thus revealed that some wetlands had been forgotten on the 2000 images, and the total rose from 1,230 to 1,813 sites.
Moreover, when comparing both inventories – conducted with a time lapse of 10 years (2000: date of the images used for the first inventory and 2010: date of the images used for its update) – an increase in the number and total surface area of these environments was noticed, with 2,276 wetlands detected over 7,104 acres for the current study (compared with 1,813 wetlands detected over 6,857 acres in 2000). These gross results must however be considered with precaution. Indeed, the increase in the number of wetlands and their surface area, that could be wrongly considered a positive result, can be briefly explained as follows:
- the methodology used during the second inventory – combining several data sources (aerial photos, satellite images, DEM) – in association with more detailed 2010 orthophotos, that helped detect wetlands that were « invisible » in the 2000 photos;
- a more detailed typological description, that led to the identification of several wetlands in 2010, in areas where only one had been detected in 2000. This is namely the case for mangrove areas, where related environments were distinguished from the wooded mangroves;
- new digitalization technologies, that made it possible to mark out these environments more precisely and within a wider scope.

Even more worrying was the realization that 178 wetlands – identified using the 2000 images – has disappeared (i.e. 10%!), over a total surface area of 42 acres. It was subsequently concluded that small wetlands (less than 1,196 square yards on average) are the ones most affected by anthropogenic activities.
Concerning phase 3, which aimed to precisely characterize the health and biodiversity of 154 sample wetlands, important bibliographical and in-field work helped identify close to 60 wetland bird species and 478 plant species. Among this representative sample, 59 wetlands were classified as being in « good or very good condition », 79 in « average or bad condition » and 16 wetlands have officially disappeared! Quite a mixed picture all in all…
Initial results made it possible to conclude that the pressure exerted on wetlands in particular, and on natural environments in general, was very high in Martinique, namely due to poorly controlled urbanization.
Lastly, it should be added that the field work required to complete the biodiversity inventories built up a strong momentum regarding wetlands, by mobilizing a number of charity or institutional organizations, and many naturalists and experts – be they professionals or volunteer amateurs. This contribution to the Mangroves & Overseas Wetlands Resource Center’s first information letter is the perfect opportunity to thank all those involved.
Contact:
Denis Etienne,
Task officer for marine environment
DEAL Martinique
E-mail: denis-l.etienne@developpement-durable.gouv.fr
[:es]

Se realizó un primer inventario de los humedales de Martinica en 2005 basándose en fotografías aéreas que databan del año 2000. En aquel momento, se pudo identificar 1230 humedales para una superficie de 2687 ha. En el marco del mismo estudio, se realizaron inventarios de biodiversidad rápidos (denominados « de paso ») sobre una muestra representativa de 154 humedales.
En 2012, se decidió actualizar estos datos para disponer de conocimientos homogéneos y, en la medida de lo posible, exhaustivos de los humedales de Martinica, para responder a las necesidades de protección y de gestión de estos espacios sensibles.
De forma más específica, era necesario conocer mejor los humedales para responder a solicitudes precisas:
- la información de un indicador del SDAGE específico para Martinica, con el objetivo de evaluar la « pérdida o el aumento de manglares y humedales »;
- la preparación del SDAGE 2015-2021, y especialmente, la identificación de los humedales de interés medioambiental especial (ZHIEP), que se benefician de una protección reforzada;
- el apoyo para la elaboración del SAR (Esquema de Planificación Regional) / SRCE (Esquema Regional de Coherencia Ecológica), del Tramo Verde y Azul (TVB) y del Atlas de Biodiversidad Municipal (ABC), así como el hecho de tener más en cuenta los humedales en los documentos urbanísticos;
- la definición de criterios de identificación precisos de los humedales, especialmente con una lista de las plantas higrófilas adaptadas a Martinica, para responder a las necesidades de la policía del agua sobre el terreno.

Por otra parte, este trabajo debe integrarse de nuevo dentro de un objetivo más general de contribución al « Plan nacional de acción para la protección de los humedales » iniciado en febrero de 2010, tras constatar que los humedales permanecen entre los medios naturales más dañados y más amenazados en Francia.
El estudio empezó a finales de 2013, gestionado con la cooperación del Parque Natural Regional de Martinica y la Dirección del Medio Ambiente, la Distribución Territorial y la Vivienda de Guadalupe (DEAL), y financiado por Europa (FEDER), el Ministerio de los Territorios de Ultramar, La Región y la Oficina del Agua de Martinica. Su realización se encargó a la oficina de estudios Impact Mer, que se asoció para esta ocasión con las empresas IGED y BIOS.
Este estudio se compone de 4 fases distintas:
1.ª fase
Comprobación del inventario de 2005 basándose en los nuevos datos procedentes de fotografías aéreas que databan del 2010, imágenes satélite de 2012 y un modelo digital del terreno reciente y preciso a 10 cm.
2.ª fase
Comprobación en el terreno de los humedales cuya existencia no se habría confirmado durante la primera fase.
3.ª fase
Caracterización fina e inventario de la biodiversidad para la muestra de 154 humedales que fueron objeto de inventarios « de paso » en 2005.
4.ª fase
Análisis de los datos, síntesis y recomendaciones.

El estudio con una duración de 18 meses habrá finalizado completamente en abril del 2015, pero los resultados de las tres primeras fases ya aportan muchas enseñanzas.
Primero, la comprobación del inventario realizado en 2005 con la aplicación de una metodología más rigurosa, ha permitido completar la cantidad de humedales identificados en aquel momento. Por lo tanto, cabe destacar que algunos humedales fueron olvidados en las imágenes del año 2000 y el total ha pasado de 1230 a 1813 entidades.
Por otra parte, se puede constatar que entre los dos inventarios, es decir, aproximadamente durante un periodo de 10 años (2000: fecha de las imágenes para el primer inventario y 2010: fecha de las imágenes usadas para realizar la actualización), ha habido un aumento de la cantidad y de la superficie total de estos medios, con 2276 humedales detectados para 2875 ha en el estudio en curso (comparado con los 1813 humedales para 2775 ha en el año 2000). Sin embargo estos resultados en bruto deben considerarse con mucha precaución. En efecto, este aumento de la cantidad y de la superficie general de los humedales, que podría considerarse de manera equivocada como un resultado positivo, se explica por:
- la metodología aplicada durante el segundo inventario que combina varias fuentes de datos (fotografías aéreas, imágenes satélite, MDT) y la mayor precisión de las ortofotografías de 2010 han permitido identificar los humedales « invisibles » en las fotografías del año 2000;
- una descripción tipológica más precisa que ha permitido distinguir varios humedales en 2010, ahí donde solo había uno en el 2000. Es especialmente el caso en las zonas de manglares donde se ha hecho la distinción entre los medios conexos y los manglares boscosos;
- una nueva técnica de digitalización permite una delimitación más precisa y a veces más amplia de estos medios.

Más inquietante, se ha constatado la desaparición de 178 humedales identificados con las fotografías tomadas en el año 2000 (es decir, ¡un 10 %!), para una superficie total de 17 ha, lo que permite destacar que son principalmente los humedales pequeños (menos de 1000 m2 de media), los que padecen las presiones antrópicas.
Acerca de la fase 3 que tiene el objetivo de caracterizar finamente el estado de salud y la biodiversidad de una muestra de 154 humedales, un importante trabajo de bibliografía y de terreno ha permitido identificar cerca de 60 especies de aves de los humedales y 478 especies de plantas. Dentro de esta muestra representativa, ¡59 humedales se han clasificado como en « buen o muy buen estado », 79 en « estado regular o mal estado », y se ha constatado la desaparición de 16 humedales! Un balance más que mitigado…
Podemos concluir de estos primeros resultados que la presión sobre los humedales en especial, y sobre el medio natural en general, es alta en Martinica, sobre todo a causa de una urbanización mal controlada.
Finalmente, cabe añadir que el trabajo sobre el terreno para realizar los inventarios de biodiversidad ha creado una dinámica muy alta alrededor de los humedales, movilizando numerosas estructuras asociativas o institucionales, y numerosos naturalistas y expertos, profesionales o aficionados voluntarios. Esta contribución al primer boletín informativo del Polo de Coordinación de Manglares y Humedales de Ultramar es la ocasión para darles las gracias a todos.
Contacto:
Denis ETIENNE,
Responsable de misión referente medio submarino,
DEAL Martinica
E-mail: denis-l.etienne@developpement-durable.gouv.fr
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