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Description géographique

Territoire : Mayotte

Commune : Tsingoni

Altitude : 413 mètres

Superficie : 8,5 hectares protégés (le lac et ses berges).

Connexion au réseau hydrographique, hydrologie et saisonnalité

Le Lac Karihani, (ou Karéhani) appelé « Dziani Karihani » en shimaoré, est situé dans une dépression, l’eau de ce lac naturel provient essentiellement des eaux de ruissellement. Il n’y a pas de rivière. L’alimentation se fait par infiltration/percolation depuis les versants en arènes tout autour C’est pour cette raison que le niveau de l’eau est très variable : de quelques centimètres à 2,5 m selon les saisons et les années. Sa surface de 3 hectares en saison des pluies s’assèche parfois à la fin de saison sèche (entre octobre et décembre).

Faune et flore

Faune

La faune est riche et diversifiée. Le lac abrite en particulier une très grande variété d’espèces d’oiseaux. Ce sont d’ailleurs les Poules d’eau, prononcé « Kariha » en shimaoré, qui ont donné son nom au site. Plus de 57 espèces d’oiseaux y ont été recensées (© database Gepomay). Ainsi, il s’agit du site possédant la plus forte richesse spécifique en oiseaux de l’île.

Des oiseaux aquatiques, comme les grèbes castagneux et les poules d’eau ou encore les Talèves d’Allen, dépendent du site pour leur nidification et y sont présents toute l’année. Pendant la saison des pluies, le lac est un refuge pour certaines espèces d’aigrettes et de hérons. Le Crabier blanc (oiseau le plus menacé de Mayotte) y est observé toute l’année, car il fréquente le site pour s’alimenter.

Les limicoles, petits échassiers et grands migrateurs, y trouvent refuge durant leur hivernage ou y font simplement halte avant de poursuivre leur migration, comme la Glaréole malgache, de passage sur le site entre août et septembre ou les Chevaliers aboyeurs, sylvain ou guignette.

D’autres oiseaux, moins inféodés au site et strictement terrestres fréquentent les abords du lac, comme trois espèces endémiques de l’île : le Souïmanga de Mayotte, le Drongo de Mayotte et le Petit-duc de Mayotte.

 

Grande aigrette & Grèbe castagneux

 

Cette zone humide d’eau douce est aussi l’habitat de nombreuses libellules et d’amphibiens, comme les grenouilles et les rainettes, qui font d’ailleurs le festin des oiseaux en fin de saison sèche, lorsque le niveau du lac est au plus bas.

On y retrouve également les espèces de mammifères emblématiques de Mayotte que sont le maki (sous espèce endémique Lemur fulvus mayottensis) et la roussette, ainsi que des reptiles inoffensifs comme la couleuvre de Mayotte et le serpent des cocotiers. Enfin, des individus de l’espèce de l’Anguille marbrée, remontant depuis la mer par la rivière de l’Ourouvéni, ont déjà été observés sur le site.

Coté invertébrés, l’inventaire est loin d’être accompli mais les amoureux d’odonates et lépidoptères y trouverons leur bonheur.

Flore

La flore aquatique du Dziani Kariani est principalement constituée de nénuphars à fleurs violettes et de lentilles d’eau.

La flore présente sur le lac et à ses abords est composée d’espèces relativement communes à la région de l’Océan indien voire pan-tropicales car la zone a été largement anthropisée par l’agriculture et surtout le pastoralisme encore très présent. Notons, tout de même la présence de Leersia perieri une graminée retrouvée en 2005  sur le lac et qui n’était notée qu’à Madagascar. Cette espèce est d’ailleurs protégée.

La rive nord-est du lac est colonisée par une frange de Vigne marronne, plante à très fort caractère envahissant en milieu humide à Mayotte. Il s’agit là de la seconde cause majeure de dégradation du site après le comblement.

Enfin, la végétation présente sur les pentes de la cuvette de Karihani correspond quant à elle à des reliques de plantations de cannelle, d’ylang ylang et d’arbres d’agro-forêt : Jacquiers, Manguiers, agrumes, Arbres à pain…

Protections et reconnaissances

Depuis 1997, le Dziani Kariani est protégé par le Conservatoire du Littoral. En 2007 il se voit doté d’un plan de gestion dont la mise en œuvre est confiée au Conseil général de Mayotte.

Conservatoire du littoral            logo mayotte

Enjeux, production, usages et pressions

« Zébus l’eau » du Dziani Kariani

Quelques éleveurs utilisent le plan d’eau comme lieu d’abreuvement pour leurs zébus, tandis que les berges du lac sont utilisées comme zone de pâturage. Le piétinement dans l’eau et les déjections des animaux favorisent la mise en suspension de la terre dans l’eau, la destruction de certains nids d’oiseaux et l’enrichissement en matière organique de l’eau. Ainsi, la bonne conservation de ce site passe par l’encadrement de cette pratique d’élevage et un projet de mise en place d’abreuvoirs est en réflexion afin d’éviter que les zébus se désaltèrent directement au plan d’eau.

Espèces envahissantes

Importée depuis la Réunion par un éleveur de Coconi dans les années 80 en vue de constituer des haies infranchissables, la Vigne marronne s’est rapidement étendue à tout le cœur humide de l’île suite à une regrettable passivité des services forestiers et agricoles de l’époque alors que l’espèce était déjà bien connue des spécialistes.

Le Lantana camara, bien que moins agressif qu’en zone sèche, pose également de sérieux problèmes d’étouffement et d’allélopathie limitant la reconquête des zones de déprise agricole par la végétation indigène.

Enfin, la plupart des espèces agricoles et leurs rudérales pantropicales associées compliquent également la renaturation du site. C’est le cas du Tulipier du Gabon, de l’Ylang-ylang, et autres Manguiers et Cocotiers.

Petit à petit les espèces non natives sont substituées par des espèces locales adaptées au site, comme l’érythrine, le takamaka et le raphia.

Déboisement

Les versants de Karihani sont également touchés par des défrichements récurrents. Ce sont essentiellement les versants du lac en dehors du périmètre protégé qui sont touchés.

Comblement

On notera également une autre problématique liée à ce site qui concerne le comblement et le desséchement du lac et modifient notamment le régime hydrographique du bassin versant en aval.

Histoire

Les versants de la cuvette du Dziani Karihani ont été largement boisés au cours du XIXème siècle afin d’alimenter les usines sucrières en bois de feux. Importé d’Afrique, le tulipier du Gabon, reconnaissable à ses fleurs rouge orangé en forme de tulipes, fait partie de ces espèces largement plantées qui représentent aujourd’hui une menace pour la flore locale à cause de son caractère envahissant.

Suite au déclin de l’industrie du sucre, les versants du lac ont été boisés par la société des Comores Bambao jusqu’en 1975. Le Tulipier du Gabon a été petit à petit remplacé par des espèces de rente comme l’Ylang ylang et la cannelle. En découvrant le site, vous retrouverez encore toutes ces espèces et vous sentirez peut être l’envoutant parfum de l’Ylang si vous patientez jusqu’à la tombée de la nuit.

Découvrir le site

Une promenade sur le sentier qui borde le lac est possible en 50 minutes environ.

Aménagé par le Conservatoire du littoral et le Conseil général de Mayotte, un observatoire sur le sentier du lac permet aux promeneurs d’observer les oiseaux sans les déranger.